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L'Opéra au XVIIIe siècle

L'Opéra au XVIIIe siècle

Histoire : L'Opéra au XVIIIe siècle

Au siècle des Lumières, les héritiers de Jean-Baptiste Lully ont du mal à redresser les finances de l’Opéra. Pour autant, le XVIIIe siècle est marqué par deux grands compositeurs : Jean-Philippe Rameau puis Christoph Willibald Gluck et plusieurs querelles esthétiques. La danse aussi évolue avec l’apport décisif de Jean-George Noverre.

ENTRE CONCESSION ET GESTION PUBLIQUE

Après le décès de Lully, l’Académie royale de Musique connaît des difficultés institutionnelles et financières. Le privilège royal passe de mains en mains sans qu’aucun directeur ne réussisse à combler le déficit de l’Opéra. 

En 1749, Louis XV confie l’Opéra à la Ville de Paris. Ainsi disparaît pendant un temps le privilège confié à un individu qui supporte à ses risques et périls les pertes financières du théâtre au profit d’une gestion publique. 

Avec une interruption de 1775 à 1777, cette situation perdure jusqu’en 1780 où un arrêt du Conseil d’État place l’Opéra sous la tutelle directe du pouvoir royal (Menus Plaisirs du Roi).

ÉVOLUTION DU RÉPERTOIRE

Pour assurer le succès, le répertoire doit être renouvelé. Le genre lyrique évolue ainsi vers l’opéra-ballet, inauguré par le compositeur André Campra avec L’Europe galante (1697), où la danse prend une grande importance.

La pastorale héroïque, déjà illustrée par Lully avec Acis et Galatée, est remise au goût du jour par André Cardinal Destouches qui donne Issé en 1697. Sa forme ramassée en trois actes et un caractère léger la distingue de la tragédie en musique.

Mais le XVIIIe siècle est surtout marqué par la musique de Jean-Philippe Rameau (1683-1764) qui suscite deux grandes querelles esthétiques.

L’Europe galante (1697)

André Campra

Inaugure l'opéra-ballet, nouveau genre lyrique dans lequel la danse prend une grande importance.

Issé (1697)

André Cardinal Destouches

La pastorale héroïque est remise au goût du jour : sa forme ramassée en trois actes et son caractère léger la distinguent de la tragédie en musique.

LA QUERELLE DES « RAMISTES » ET DES « LULLYSTES »

Le 1er octobre 1733, Hippolyte et Aricie, premier opéra de Jean-Philippe Rameau, alors âgé de 50 ans, connaît le succès mais crée la polémique. Si la structure de l’œuvre reprend celles de Lully, considéré comme le père de l’opéra français, Rameau s’éloigne de ce modèle par un traitement musical et orchestral d’une grande nouveauté.

Rameau a ses partisans, les « ramistes » auxquels s’opposent les « lullystes ». Cette querelle entre anciens et nouveaux, ravivée à chacune de ses créations comme Castor et Pollux (1737), Dardanus (1739) ou son opéra-ballet Les Indes galantes (1735), ne prend fin qu’en 1746.

Hippolyte et Aricie (1733)

Jean-Philippe Rameau

 Le premier opéra de Jean-Philippe Rameau, alors âgé de 50 ans, connaît le succès mais crée la polémique.

Castor et Pollux (1737)

Jean-Philippe Rameau

Dardanus (1739)

Jean-Philippe Rameau

Les Indes galantes (1735)

Jean-Philippe Rameau

LA QUERELLE DES BOUFFONS

Mais une autre querelle naît à partir du 1er août 1752, à l’occasion d’une représentation à de La Serva padrona (La Servante maîtresse) du compositeur italien Jean-Baptiste Pergolèse par une troupe italienne itinérante. 

Cette musique charmante séduit des personnalités comme Jean-Jacques Rousseau, Diderot et le baron Grimm qui reprochent au style français, représenté par Rameau et défendu par d’Alembert ou Madame de Pompadour son absence de musicalité, son style solennel et ses héros compassés. 

Durant deux ans la guerre fait rage mais elle permet à la musique française de s’ouvrir à d’autres influences. Quant à Rameau, il reste jusqu’à sa mort le compositeur le plus joué à l’Opéra.

La Serva padrona (1752)

Jean-Baptiste Pergolèse

L'opéra de Pergolèse, interprété par une troupe italienne itinérante, ouvre la "querelle des bouffons".

Iphigénie en Aulide (1774)

Christophe Willibald Gluck

« Drame lyrique » dans lequel Gluck synthétise le style italien vocalisant et le style français solennel.

Orphée et Eurydice (1774)

Christophe Willibald Gluck

Avec cet opéra naît une troisième querelle, qui oppose les gluckistes aux piccinistes (partisans de Niccolò Piccini).

Médée et Jason (1776)

Jean-Georges Noverre

Premier ballet-pantomime présenté à l’Opéra de Paris, qui connaît un grand succès.

L’INFLUENCE DE MARIE-ANTOINETTE

En 1770, Marie-Antoinette épouse le futur Louis XVI. Peu attirée par la musique française, elle cherche à imposer son ancien maître, Christophe Willibald Gluck, qui lui avait donné des leçons de musique en Autriche lorsqu’elle était enfant.

Le compositeur, qui a déjà théorisé ses idées dans la préface d’Alceste (1767), crée le 19 avril 1774 à l’Académie royale de Musique Iphigénie en Aulide, « drame lyrique » dans lequel il synthétise le style italien vocalisant et le style français solennel.

Son succès le conduit à créer à l’Opéra une version française d’Orphée et Eurydice (1774) ou d’Alceste (1776). C’est à cette occasion que naît une troisième querelle, qui oppose cette fois les gluckistes aux piccinistes (partisans de Niccolò Piccini), ressuscitant la querelle entre opéra français et opéra italien.

En danse, Marie-Antoinette impose comme maître de ballet Jean-Georges Noverre (1727-1810) en 1776. Ce danseur, chorégraphe et théoricien prône une « danse expressive et en action ». Il donne à la pantomime un rôle dramatique central et affirme l’autonomie artistique de la danse qui ne doit pas être seulement un intermède décoratif pour les opéras. Le premier ballet-pantomime présenté à l’Opéra de Paris est son Médée et Jason (1776) qui connaît un grand succès.

Sacrés caractères !

Si Louis XIV a proclamé « L’État, c’est moi ! », Jean-Baptiste Lully aurait déclaré : « L’opéra, c’est moi ! ». 

Le danseur Vestris, maître de ballet de l’Académie royale de Musique, aurait quant à lui affirmé : « il n’existe aujourd’hui que deux grands hommes au monde ; à savoir : moi et Voltaire. »

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