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De la Belle Époque à l’inauguration de l’Opéra Bastille en 1989 en passant par les deux guerres mondiales, le XXe siècle est une période foisonnante pour l’Opéra de Paris.
À la Belle Époque, le Palais Garnier est l’un des principaux lieux de rencontre et de divertissement du Tout-Paris, un public d’abonnés constitué des élites financières, industrielles et politiques.
Si Jules Massenet, Charles Gounod et Giuseppe Verdi, qui supervisait lui-même la création de ses œuvres au Palais Garnier, ont connu des triomphes de leur vivant au Palais Garnier, l’ascension est plus lente pour Richard Wagner, mais le compositeur finit par bénéficier d’un véritable succès grâce au travail acharné d’une direction collégiale menée par André Messager et Leimistin Broussan. C’est ainsi que le public parisien assiste pour la première fois, en juin 1911, à la représentation du cycle intégral de L’Anneau du Nibelung de Richard Wagner.
À cette époque, le Palais Garnier accueille également Salomé de Richard Strauss qui entre au répertoire (1910), ou encore Déjanire (1911) de Camille Saint-Saëns.
En danse, c’est le choc des Ballets russes dirigés par Serge Diaghilev. Le succès de leurs cinq « concerts historiques russes » au Palais Garnier conduit les directeurs Messager et Broussan à les inviter à plusieurs reprises : sont ainsi créés par exemple en 1910 les trois ballets de Michel Fokine Les Orientales, L’Oiseau de feu et Shéhérazade dans des décors et costumes de Léon Bakst.
À partir de 1914, l’arrivée de Jacques Rouché à la direction de l’Opéra de Paris fait entrer le théâtre dans la modernité. Sensible à l’avant-garde, ce Polytechnicien confie la conception des décors et costumes d’un spectacle à un même artiste et renouvelle profondément le répertoire. Parmi les compositeurs étrangers, Paris découvre Le Chevalier à la rose de Richard Strauss, Turandot de Giacomo Puccini, Le Coq d’or de Nikolaï Rimsky-Korsakov… Les compositeurs français ne sont pas en reste, tels Vincent d’Indy ou Darius Milhaud. La musique ancienne est également à l’honneur : Lully, Gluck ou Rameau sont de retour sur la scène de l’Opéra.
La danse connaît en parallèle un renouveau grâce à l’arrivée de Serge Lifar en 1929. Tous les spectacles sont prétexte à l’engagement des meilleurs peintres et décorateurs : De Chirico, Paul Colin, Maurice Denis, Raoul Dufy, Marie Laurencin, Fernand Léger, André Masson, Pedro Pruna, etc. se succèdent au Palais Garnier.
L’opéra à la maison naît à cette époque avec les premières retransmissions radiophoniques à l’occasion de Mârouf, savetier du Caire d’Henri Rabaud en août 1932.
En janvier 1939, le Front populaire décide de regrouper l’Opéra et l’Opéra-Comique en un établissement public, la Réunion des théâtres lyriques nationaux (RTLN). Jacques Rouché en devient directeur général.
Pendant l’Occupation, il fait appliquer les lois antisémites du régime de Vichy : sont interdits les compositeurs juifs et une trentaine d’artistes et membres du personnel sont exclus. À la Libération, Jacques Rouché et Serge Lifar sont condamnés pour faits de collaboration. Jacques Rouché est destitué en 1945 mais réhabilité en 1951. Serge Lifar part diriger le Nouveau Ballet de Monte-Carlo mais est réintégré en 1947 comme maître de ballet pour la création de Mirages avec Yvette Chauviré. Il reste à l’Opéra jusqu’en 1958 et y crée une trentaine de ballets comme Phèdre (1950) avec Jean Cocteau. L’après-guerre est aussi marqué par la présence de George Balanchine qui règle pour l’Opéra des ballets qu’il a précédemment créés comme Apollon musagète ou Sérénade. Le Palais de cristal est créé au Palais Garnier en 1947.
Après la Libération, le Palais Garnier retrouve son rayonnement international : des galas permettent à la République de se mettre en représentation, les tournées internationales portent le Ballet aux États-Unis (1948) ou en Union soviétique (1958) malgré la Guerre froide. Les créations lyriques restent rares malgré les entrées au répertoire de Jeanne d’Arc au bûcher (1950) d’Arthur Honegger ou Dialogues des carmélites de Francis Poulenc (1957) et de grands noms dans la troupe lyrique comme Gabriel Bacquier, Régine Crespin, Mady Mesplé, Jane Rhodes…
Les années soixante sont marquées par les deux mandats du compositeur Georges Auric comme administrateur de la RTLN, l’inauguration du nouveau plafond du Palais Garnier, peint par Marc Chagall (1964) ainsi que par l’entrée au répertoire de Wozzeck (1963) d’Alban Berg dirigé par Pierre Boulez, ou les apparitions d’Elisabeth Schwarzkopf dans Le Chevalier à la rose de Strauss, et Maria Callas dans Norma et Tosca. C’est aussi l’époque où le petit-fils de Richard Wagner, Wieland Wagner, propose des mises en scène remarquées : Salomé (1964), Tristan et Isolde (1966)…
Dans le domaine du ballet, une nouvelle génération de danseurs comme Claude Bessy, Claire Motte, Cyril Atanassof se distinguent tandis que les chorégraphes Maurice Béjart et Roland Petit font sensation avec respectivement le Sacre du printemps qui entre au répertoire en 1965 et Turangalila (1968).
En 1972, les statuts et la structure de la RTLN sont profondément modifiés : l’Opéra-Comique n’en fait plus partie et c’est un Suisse, Rolf Liebermann, qui devient directeur de la RTLN puis, à sa dissolution en 1978, administrateur général du Théâtre national de l’Opéra de Paris (TNOP) composé du Palais Garnier et de la Salle Favart. Ce compositeur et chef d’orchestre redonne de l’éclat au Palais Garnier par une programmation prestigieuse : Les Noces de Figaro dans la mise en scène de Giorgio Strehler et les décors d’Enzo Frigerio font date, ainsi que le Faust de Gounod mis en scène par Jorge Lavelli (1975) ou Lulu d’Alban Berg dans la mise en scène de Patrice Chéreau (1979). C’est sous son mandat également que les œuvres sont chantées non plus en français mais dans leur langue originale.
La Compagnie de Ballet, dirigée par Raymond Franchetti, se réapproprie les grands classiques français comme Coppélia, et s’ouvre aux chorégraphes américains Jerome Robbins, Paul Taylor et à la danse contemporaine avec Merce Cunningham ou Carolyn Carlson qui dirige le Groupe de recherche théâtrale de l’Opéra de Paris (GRTOP) créé pour elle.
Après le départ de Rolf Liebermann, le renouveau lyrique s’affirme avec la création qu’il avait commandée à Olivier Messiaen Saint François d’Assise en 1983. Côté ballet, la nomination de Rudolf Noureev comme Directeur de la Danse marque un tournant. Il enrichit et élargit le répertoire du Ballet en faisant entrer au répertoire les grands ballets de Marius Petipa revus par ses soins comme Raymonda (1983) ou Le Lac des cygnes (1984), en invitant des chorégraphes comme Dominique Bagouet, Lucinda Childs, William Forsythe, Maguy Marin…
L’élection de François Mitterrand en 1981 relance l’idée d’une nouvelle salle lyrique à Paris, plus moderne et plus grande déjà préconisée dans différents rapports sur l’Opéra signés Jean Vilar en 1968 et François Bloch-Lainé en 1976. Le lieu symbolique choisi pour ce nouvel opéra « moderne et populaire » est la place de la Bastille. Après un concours d’architecture remporté par Carlos Ott, l’Opéra Bastille est inauguré le 13 juillet 1989 à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française. Doté de 2700 places, d’une surface et d’équipements scéniques exceptionnels, il offre un outil de production ultramoderne.
En 1990 est créé un établissement public qui administre l’Opéra Bastille et le Palais Garnier, sous le nom d’« Opéra de Paris ». Le 17 mars 1990, Les Troyens d’Hector Berlioz dans la mise en scène de Pier Luigi Pizzi ouvre la nouvelle saison sous la direction musicale de Myung-Whun Chung.
Mais l’Opéra connaît une nouvelle crise : le renvoi de Daniel Barenboim, finalement remplacé par Myung-Whun Chung, le déficit, les grèves, et un accident lors d’une répétition d’Otello à Séville pour l’Exposition universelle, conduisent à renouveler la direction de l’Opéra et à doter l’institution d’un nouveau statut. Ce sera le cas avec un décret de 1994 par lequel l’Opéra de Paris prend le nom d’Opéra national de Paris et devient un établissement public à caractère industriel et commercial (ÉPIC).
En 1993, Hugues Gall, qui dirige alors le Grand Théâtre de Genève après avoir été l’adjoint de Rolf Liebermann, rend un rapport aménageant les relations entre le Palais Garnier et l’Opéra Bastille. Nommé directeur délégué de l’Opéra national de Paris, il en prend les commandes deux ans plus tard.
Durant ses deux mandats aux cours desquels il obtient la totalité des pouvoirs administratifs et artistiques ainsi qu’une augmentation annuelle du budget de l’Opéra de 3%, Hugues Gall met au répertoire 80 nouvelles productions lyriques dont 4 créations : Salammbô de Philippe Fénelon, K… de Philippe Manoury, Perelà, l’homme de fumée de Pascal Dusapin et L’Espace dernier de Matthias Pintscher.
Sous son mandat, Brigitte Lefèvre est nommée Directrice de la Danse de l’Opéra national de Paris, succédant à Patrick Dupond en 1995. Jusqu’à son départ en 2014, Brigitte Lefèvre s’est attachée à construire un vaste répertoire accordant une place importante aux grands ballets classiques – plus particulièrement les productions de Rudolf Noureev – tout en programmant régulièrement les chorégraphies qui ont marqué le XXe siècle et en invitant des chorégraphes d’aujourd’hui.
À son départ, Hugues Gall laisse l’Opéra avec un budget en équilibre et un taux de fréquentation moyen de 93% pour 362 représentations lors de sa dernière saison.
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