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De 1821 à 1873, l’Opéra s’installe dans la salle Le Peletier où il connaît une période fastueuse au cours de laquelle s’épanouit le « grand opéra » français et le ballet romantique. Après l’incendie de cette salle, un nouvel Opéra est inauguré en 1875 : le Palais Garnier.
Napoléon Bonaparte veut faire de l’Opéra un instrument de propagande. Il exerce un contrôle étroit sur l’institution : non seulement il la réorganise et valide le répertoire mais il lui accorde une importante subvention. Parmi les succès de la période impériale figure La Vestale de Gaspare Spontini, créé en 1807. L’œuvre, qui emprunte au drame lyrique de Gluck le thème antique et l’intervention divine, donne une grande place à l’orchestre et à la danse, utilise un style vocal proche du bel canto ainsi que des effets scéniques spectaculaires, ce qui préfigure le grand opéra français de la période romantique.
Quelques années après la chute de l’Empire, le 13 février 1820, le duc de Berry, héritier du trône, est poignardé en sortant de l’Opéra, situé dans la salle Montansier. Louis XVIII décide alors de faire raser le théâtre qui s’installe salle Favart avant de prendre définitivement ses quartiers dans une nouvelle salle provisoire, rue Le Peletier, en 1821.
Salle Le Peletier, onzième salle de l'Opéra appelé en 1821 Académie royale de Musique (1821-1873). - © Bibliothèque-musée de l'Opéra / BnF
Avec son plateau profond, sa cage de scène importante et son éclairage aux becs de gaz, cette nouvelle salle offre aux décorateurs de nouvelles conditions qui vont avoir une influence sur le répertoire.
C’est dans ce théâtre au rayonnement mondial que sont créés les chefs-d’œuvre du grand opéra comme Guillaume Tell de Gioacchino Rossini (1829), Robert le Diable de Giacomo Meyerbeer (1831) ou La Juive de Jacques Fromental Halévy (1835), La Favorite de Gaetano Donizetti (1840), mais aussi Les Vêpres siciliennes de Giuseppe Verdi ou la version française de Tannhäuser de Richard Wagner (1861).
Pendant 50 ans, l’Opéra devient le centre de la vie musicale européenne mais aussi mondaine. L’Opéra est peint par Edgar Degas ou Édouard Manet, représenté en littérature par Honoré de Balzac ou Alexandre Dumas, les réputations s’y font et s’y défont.
Comme l’art lyrique, le ballet connaît une période fastueuse. Le chorégraphe Philippe Taglioni met en scène le premier ballet entièrement dansé sur pointes par sa fille Marie Taglioni : La Sylphide. C’est aussi dans cette œuvre que le costumier Eugène Lami crée des tutus longs, devenus emblématiques du ballet romantique. Les codes du ballet romantique sont posés : un amour impossible, une structure en deux actes dont le dernier est un « ballet blanc », l’usage du tutu et des pointes, une atmosphère souvent fantastique.
Autant de codes qui fascinent l’époque. Les bourgeois viennent retrouver les ballerines au Foyer de la danse, l’imagination des artistes s’enflamme : ainsi, l’écrivain Théophile Gautier s’éprend de la ballerine Carlotta Grisi et rédige pour elle le livret de Giselle dont la chorégraphie de Jules Perrot et Jean Coralli est créée en 1841.
Mais le 14 janvier 1858, l’Opéra devient de nouveau l’endroit choisi pour commettre un attentat : menés par Felice Orsini, les révolutionnaires italiens prennent pour cible Napoléon III et l’Impératrice Eugénie lorsqu’ils arrivent devant la salle Le Peletier. Quoique manqué, l’attentat précipite la fin de ce théâtre.
En 1860 s’ouvre un concours pour la construction d’un nouvel Opéra qui doit s’inscrire dans le Paris haussmannien de la fin du Second Empire. Sur les 171 projets, c’est un jeune architecte inconnu, grand prix de Rome et âgé de 35 ans seulement, qui remporte le concours à l’unanimité au second tour.
Les travaux durent 15 ans, interrompus pendant la guerre de 1870 et la Commune. Le Palais Garnier est inauguré le 5 janvier 1875, sous la présidence de Mac Mahon. Ainsi la République termine ce bâtiment commencé sous l’Empire.
Le nouvel édifice de pierre, de marbre et d’or est accueilli triomphalement : c’est le monument plus que les œuvres que l’on vient voir, et le Palais Garnier devient le modèle du théâtre à l’italienne : à la fois fonctionnel et flamboyant.
Alors que le nouvel Opéra devait répondre aux besoins du grand opéra, ce genre vit ses derniers instants malgré la création de Don Carlos de Giuseppe Verdi (1867), les premières représentations d’Aïda au Palais Garnier (1871), la création d’Henry VIII (1883) de Camille Saint-Saëns ou du Cid (1885) et Thaïs (1894) de Jules Massenet. Le ballet, lui aussi, décline.
Le renouveau vient du répertoire wagnérien, à la mode au début des années 1890 alors que le compositeur est mort en 1883. Pour satisfaire le goût du public, les directeurs Ritt et Gailhard font entrer au répertoire Lohengrin en 1891. Un triomphe qui conduit à donner les premières représentations de Tannhäuser 1895, Les Maîtres chanteurs en 1897, La Walkyrie en 1893…
Le 5 Janvier 1875, l’inauguration du Palais Garnier se fait en grande pompe en présence du Président de la République Mac Mahon et de prestigieux invités venus de l'Europe entière.
Seul oublié ? Charles Garnier qui, après avoir dirigé les travaux pendant treize ans, doit payer cent vingt francs sa loge du deuxième étage.
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