En souvenir des spectacles qu’il a organisés à Rome à la cour des Barberini, le cardinal Mazarin, nouveau ministre d’Anne d’Autriche, entend révéler aux Français toute la pompe des opéras de son pays natal. En 1645, il invite à Paris une troupe de musiciens qui interprète La Finta Pazza de Sacrati, créée à Venise en 1641. Si cet opéra italien, le premier joué en France, est augmenté de ballets comiques pour amuser le jeune Louis XIV, ce sont surtout les décors et l’extraordinaire machinerie théâtrale déployée par Giacomo Torelli qui marquent le public. Les changements de décor à vue procurent un émerveillement scénique jusqu’alors inconnu en France.
En 1647, Luigi Rossi créé l’Orfeo, « comédie à machines et en musique à la mode d’Italie » qui éblouit l’entourage royal. Mais, très vite, les adversaires du cardinal dénoncent le coût exorbitant du spectacle et l’obscurité de la langue italienne. La critique porte : durant toute la Fronde, plus aucun opéra n’est donné à Paris, mais la tragédie à machines connaît un heureux développement, grâce à Corneille qui s’associe avec Torelli et capte le savoir-faire de l’Italien au profit de ses tragédies, parfois accompagnées de musique.
Pour acclimater l’opéra italien au goût français, les compositeurs y ajoutent des danses spectaculaires qui ont d’autant plus les faveurs du public que le roi lui-même s’y produit. En 1662, pour fêter le mariage du souverain, Cavalli crée Ercole amante, mais Lully impose au Vénitien de somptueux ballets, d’une longueur exceptionnelle, qui rallient à sa cause un public amateur de belle danse. C’est alors le dernier opéra italien représenté à Paris sous le règne de Louis XIV.