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V - Un monde s’éteint

V - Un monde s’éteint

V - Un monde s’éteint

Avec la mort de Scribe en 1861, de Halévy en 1862, et de Meyerbeer en 1864, le grand opéra perd son plus grand librettiste et de deux de ses compositeurs majeurs. Le déclin s’amorce, précipité par la diffusion des idées et de la musique de Wagner.   

Avec la construction du Palais Garnier, l’art lyrique s’apprête à changer de temple, et à renouer avec les fastes de l’Ancien Régime : le grand foyer paraphrase la Galerie des glaces de Versailles, l’escalier monumental s’inspire de celui du théâtre de Bordeaux, édifié sous le règne de Louis XVI.

La guerre de 1870 met un terme aux ambitions culturelles du Second Empire. La soirée inaugurale du nouvel opéra, le 5 janvier 1875, est paradoxalement un hommage à l’« ancien monde » tel qu’il fut imaginé par Auber, Meyerbeer et Halévy. Au programme figurent des extraits de La Muette de Portici, de Guillaume Tell, de La Juive et des Huguenots. Seule concession à la « modernité » : La Source, ballet de Léo Delibes.

Polyeucte (Gounod), Henry VIII (Saint-Saëns) et Le Cid (Massenet) sont les ultimes tentatives de perpétuer un genre qui appartient désormais au passé. Le monde nouveau, lui, se délocalise pour un temps à Bruxelles. C’est à l’Opéra Royal de la Monnaie, à l’endroit même où La Muette de Portici avait déclenché les événements de 1830, qu’ont lieu les créations en français de Lohengrin (1870), de la Tétralogie (1891-1904) ainsi que les premières mondiales de Gwendoline d’Emmanuel Chabrier (1896), de Fervaal de Vincent d’Indy (1897), ou du Roi Arthus d’Ernest Chausson (1903).  

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