Quatre dimanches par saison, les musiciens de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris vous invitent à partager une heure de musique de chambre dans la grande salle du Palais Garnier.

D'un style proche de celui de L’Histoire du soldat créée deux ans auparavant, le Concertino d’Igor Stravinsky (1920), l’une de ses rares œuvres pour quatuor à cordes, se caractérise par la densité de ses idées motiviques, des rythmes heurtés et une distorsion systématique des conventions formelles du quatuor. Il en résulte une pièce d’une très grande force, alternant séquences obsessionnelles et échappées rêveuses.

Tout autre univers pour le Septuor de 1952, dont la métrique, les effets fugués et les motifs du piano semblent évoquer, dans le premier mouvement, la musique de Bach. C’est aussi un modèle baroque qui inspire le deuxième mouvement : passacaille. La gigue sonne enfin comme une extrapolation moderne par le compositeur de cette danse vive venue des temps anciens.

Leoš Janáček a associé à son Concertino (1925) un scénario, rappelant celui de son opéra La Petite Renarde rusée : « Un jour, c’était au début du printemps, nous avons bloqué l’accès de son repaire à un hérisson. Comme il s’est fâché, celui-là ! Voilà pourquoi mon cor s’attarde sur le même motif bourru. » (1^er mouvement)...

L’Ouverture sur des thèmes juifs op. 34 (1920) sonne comme une quintessence de musique kletzmer, cette tradition populaire des communautés juives d’Europe centrale, dont la clarinette est l’instrument roi. Sergueï Prokofiev reprend les codes de ce répertoire avec une évidente jubilation, en particulier pour les solos de clarinette qui émaillent la pièce, en un chef-d’œuvre de second degré.

Hélène Pierrakos