Concerts de musique de chambre par les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris

Le Quatuor avec piano en la mineur de Gustav Mahler, inachevé, se réduit à un seul mouvement ; il subsiste aussi des esquisses pour un scherzo, non exploitables au concert. L’œuvre date de 1876 : âgé de seize ans, le compositeur étudie depuis à peine un an au Conservatoire de Vienne. De caractère élégiaque, le premier thème de ce mouvement de quatuor évoque une autre pièce de jeunesse de Mahler, le lied Erinnerung (Souvenir) : nostalgie intense d’une mélodie plaintive, sur un continuum de croches au piano.

La production de la compositrice française Mel Bonis comporte plusieurs pièces dites « de caractère », dont les Scènes de la forêt. L’œuvre a été conçue en 1904 pour un concours de composition et se verra remaniée en 1927. Le Nocturne qui inaugure le cycle travaille l’idée de l’immobilité de la nuit et de la sensation du rêve. À l’aube, d’esprit debussyste dans son écriture harmonique, fait place à l’Invocation, dans une modalité « à l’antique », avant de se conclure sur une danse vive pour l’évocation de la chasseresse Artémis.

Chez Franz Schreker, dont l’œuvre la plus célèbre est un opéra intitulé Der ferne Klang (Le Son lointain), l’inspiration mélodique, l’inventivité, la façon d’architecturer semblent relever d’une libre association d’idées davantage que d’un plan formel préétabli. Schreker compose Der Wind (Le Vent) en 1909 – pièce d’une dizaine de minutes et d’un seul tenant relevant de l’impressionnisme musical, en particulier dans les effets d’irisations que propose l’écriture de piano, comme pour évoquer le bruissement des arbres...

Après ses études auprès de Schönberg, Hanns Eisler s’ouvre au jazz et à la musique de cabaret, dans le Berlin des années 1920. Il fait la connaissance de Bertolt Brecht en 1929 et entretiendra avec lui une amitié solide, qui suscitera également nombre de partitions. Juif et communiste, Hanns Eisler quitte l’Allemagne en 1933 et émigre aux États-Unis. Il enseigne à New York avant de s’installer à Hollywood, où il compose la musique de nombreux films, et passe la dernière partie de sa vie à Berlin-Est. Imaginées pour le film de Joris Ivens, Regen (La Pluie, 1929), les idées musicales sont réutilisées en 1941 pour un hommage à Arnold Schönberg et deviennent les 14 manières de décrire la pluie.