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Julien Benhamou / OnP

Opéra - Ballet

Iolanta /​ Casse-Noisette

Piotr Ilyitch Tchaïkovski

Palais Garnier

du 09 au 24 mai 2019

4h00 sans entracte

Iolanta /​ Casse-Noisette

Palais Garnier - du 09 au 24 mai 2019

Synopsis

Historiquement présentés en diptyque en 1892, Iolanta et Casse‑Noisette sont à nouveau réunis dans cette production de l’Opéra de Paris. Dans la mise en scène et les décors de Dmitri Tcherniakov, ils ne deviennent qu’une seule et même oeuvre : l’opéra comme prélude du ballet, le ballet comme résolution de l’opéra. La fille du roi René dont la cécité disparaît aux aurores de l’amour se retrouve dans Marie, jeune fille bien éloignée de la Clara de Marius Petipa. La chorégraphie du ballet, signée Arthur Pita, Édouard Lock et Sidi Larbi Cherkaoui, renforce les liens tissés entre les deux chefs-d’oeuvre de Tchaïkovski : de l’éveil de la sexualité découle le deuil de l’enfance.

Durée : 4h00 sans entracte

Langue : Russe

Surtitrage : Français / Anglais

  • Ouverture

  • Première partie 70 min

  • Entracte 30 min

  • Deuxième partie 75 min

  • Entracte 20 min

  • Troisième partie 45 min

  • Fin

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Détail des actes

IOLANTA

Iolanta, la fille du roi René vit dans une propriété lointaine où son père l’a installée. Le roi et son entourage la protègent de la réalité. Iolanta est aveugle, mais ignore sa maladie. Tout le monde lui cache soigneusement ce secret. Aucun étranger ne doit pénétrer dans la propriété sous peine de mort. Iolanta passe ses jours dans une heureuse ignorance. Tout dans cette propriété se trouve entre les mains du portier, Bertrand, et de son épouse Martha, la nourrice de Iolanta. L’écuyer royal Almeric apprend à Bertrand la visite inopinée du roi. René amène avec lui le médecin maure Ibn-Hakia, qui propose d’examiner Iolanta. Son verdict est le suivant : Iolanta ne peut recouvrer la vue qu’à condition de prendre conscience de sa cécité et souhaiter elle-même la guérison. Mais son père craint de lui dévoiler ce secret : il ne croit pas que la guérison de sa fille soit possible de cette manière. Le roi s’apprête à marier Iolanta avec Robert, le duc de Bourgogne, mais il faut lui cacher la cécité de sa fiancée. Robert et Vaudémont arrivent dans cette propriété interdite. Robert est amoureux de la comtesse de Lorraine, Mathilde, et rêve de rencontrer un jour le roi René pour lui demander de rompre ses fiançailles avec Iolanta, avec qui il doit se marier mais qu’il n’a jamais vue. Soudain, Vaudémont aperçoit Iolanta endormie. Il est ébloui par sa beauté. Soupçonnant un piège, Robert tente d’emmener Vaudémont de force. Iolanta se réveille. Elle accueille aimablement les visiteurs, mais Robert part en promettant de revenir avec des secours pour aider Vaudémont. Vaudémont reste en tête à tête avec Iolanta. Il ne se rend d’abord pas compte de sa cécité. Il lui fait part de son admiration. N’osant cependant pas poursuivre la conversation, il dit vouloir partir et lui demande de cueillir une rose rouge qu’il conservera en souvenir. Mais quand la jeune fille cueille une rose blanche et se montre incapable de compter les roses sans les toucher, Vaudémontcomprend qu’elle est aveugle. En proie à la compassion, il décide de rester et lui décrit le monde merveilleux qui les entoure. Tout le monde découvre Iolanta en compagnie d’un jeune homme inconnu. De toute évidence, elle a désormais conscience de sa cécité. Le roi René est désespéré, mais Ibn-Hakia l’assure qu’il y a maintenant une chance de commencer le traitement. Iolanta doit cependant elle-même souhaiter passionnément recouvrer la vue, et elle ne peut souhaiter passionnément ce qu’elle ne connaît pas. René menace d’exécuter Vaudémont si la guérison de Iolanta ne réussit pas. La jeune fille est prête à subir n’importe quel supplice pour sauver Vaudémont. Le médecin emmène Iolanta et commence le traitement. Le roi avoue à Vaudémont que sa menace était feinte, qu’il a agi ainsi pour Iolanta. Vaudémont ignore que le père de Iolanta est le roi René lui-même. Le jeune homme révèle à René qui il est et lui demande la main de Iolanta, mais René répond que sa fille est déjà fiancée depuis l’enfance au duc de Bourgogne, un certain Robert. Robert revient avec ses hommes et reconnaît immédiatement le roi René. Il lui avoue qu’il aime une autre femme et demande à être libéré de sa promesse. Le roi consent à rompre les fiançailles et peut maintenantoffrir sa fille en mariage à Vaudémont. Le médecin entre avec Iolanta. Le traitement a réussi. Elle a recouvré la vue et prend conscience de tout ce qu’elle voit pour la première fois.

CASSE-NOISETTE

Une fête familiale est organisée en l’honneur de la jeune Marie par Drosselmeyer, un ami proche de la famille. La mère et le père de Marie, ses amis, ses proches et ses voisins lui souhaitent un bon anniversaire : un paradis familial, chaleureux et douillet. Parmi les invités, on aperçoit Robert, que Marie connaît déjà, qui lui présente son ami Vaudémont. Vaudémont fait forte impression sur Marie. Quand, tard le soir, les invités ayant pris congé, les parents de Marie se retirent dans leur chambre, la jeune fille n’arrive toujours pas à se séparer de Vaudémont. Marie et Vaudémont restent seuls dans la pièce en pleine nuit. Soudain, tous les participants à la fête familiale font brusquement irruption, menaçants : il y a là tous ceux qui devraient logiquement être déjà partis, couchés, ou se trouver loin à cette heure. Marie est stupéfaite, elle n’arrive pas à concevoir comment tous peuvent se retrouver de nouveau ici, comment cela peut se produire. Ce sont ses parents, les mêmes amis, ses proches, ses voisins. Tous ceux qu’elle connaît depuis qu’elle est toute petite. Ils ont l’air d’être comme d’habitude, mais l’expression des visages et des yeux est différente, comme si un esprit terrible avait pris leur apparence. Cela lui paraît invraisemblable, contre nature. Tous, enragés, se ruent sur Vaudémont. Et Marie, reprenant ses esprits après un choc et un état de torpeur, se précipite à son secours. Tous contre lui, elle contre tous. Mais il est impossible non seulement de vaincre mais même de faire face à cette force violente. La maison de Marie tombe en ruines. Et elle reste seule au milieu des décombres, il n’y a rien autour d’elle. Seule, en robe légère et petits souliers, comme pendant la soirée de fête, elle est perdue, abasourdie. 

Artistes

Opéra en un acte (1892)

D'après Henrik Hertz, La Fille du roi René

Équipe artistique

Distribution

  • jeudi 09 mai 2019 à 19:00
  • vendredi 10 mai 2019 à 19:00
  • lundi 13 mai 2019 à 19:00
  • mercredi 15 mai 2019 à 19:00
  • jeudi 16 mai 2019 à 19:00
  • dimanche 19 mai 2019 à 14:30
  • mardi 21 mai 2019 à 19:00
  • mercredi 22 mai 2019 à 19:00
  • vendredi 24 mai 2019 à 19:00

Dernière mise à jour le 30 avril 2019, distribution susceptible d’être modifiée.

Dernière mise à jour le 30 avril 2019, distribution susceptible d’être modifiée.

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Dernière mise à jour le 30 avril 2019, distribution susceptible d’être modifiée.

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Dernière mise à jour le 30 avril 2019, distribution susceptible d’être modifiée.

Dernière mise à jour le 30 avril 2019, distribution susceptible d’être modifiée.

Dernière mise à jour le 30 avril 2019, distribution susceptible d’être modifiée.

Ballet en deux actes (1892)


Équipe artistique

Distribution

  • jeudi 09 mai 2019 à 19:00
  • vendredi 10 mai 2019 à 19:00
  • lundi 13 mai 2019 à 19:00
  • mercredi 15 mai 2019 à 19:00
  • jeudi 16 mai 2019 à 19:00
  • dimanche 19 mai 2019 à 14:30
  • mardi 21 mai 2019 à 19:00
  • mercredi 22 mai 2019 à 19:00
  • vendredi 24 mai 2019 à 19:00

Dernière mise à jour le 30 avril 2019, distribution susceptible d’être modifiée.

Dernière mise à jour le 30 avril 2019, distribution susceptible d’être modifiée.

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© Agathe Poupeney / OnP

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Iolanta/Casse-Noisette en répétition

04 min

Portfolio | Au mariage de l'opéra et de la danse

Par Dmitri Tcherniakov

Du 9 au 24 mai, Iolanta/Casse-Noisette mêle au Palais Garnier interprètes lyriques et danseurs du Ballet de l'Opéra pour un spectacle qui dépasse les frontières habituelles des genres. Le metteur en scène Dmitri Tcherniakov raconte comment est né ce projet hors-norme. Ambiances de répétition de la nouvelle production, captées en 2016 par les photographes Agathe Poupeney et Éléna Bauer.
Vito Priante, Dmitri Tcherniakov, Joel Lauwers, Anna Patalong, Elena Zaremba, Roman Shulakov, Paola Gardina, Gennady Bezzubenkov, Alexander Tsymbaliuk
Vito Priante, Dmitri Tcherniakov, Joel Lauwers, Anna Patalong, Elena Zaremba, Roman Shulakov, Paola Gardina, Gennady Bezzubenkov, Alexander Tsymbaliuk © Elena Bauer / OnP

Tout a été pensé et relié de manière assez inhabituelle. C’est d’abord l’idée de l'opéra qui a surgi. Un titre russe. Parce que je suis un peu maniaque : j'ai cet objectif fou de mettre en scène la totalité des opéras russes qui m'ont entouré depuis l'enfance. Surtout ceux qui sont méconnus ou inconnus du public européen. J'ai toujours dit que ce projet personnel comptait beaucoup pour moi.    

Paola Gardina, Sonya Yoncheva, Anna Patalong, Elena Zaremba © Éléna Bauer / OnP
Paola Gardina, Sonya Yoncheva, Anna Patalong, Elena Zaremba © Éléna Bauer / OnP © Elena Bauer / OnP
J'ai cherché un opéra qui pourrait former un couple avec Iolanta, ce dernier ne pouvant remplir à lui seul une soirée. J’avais bien sûr en tête qu’historiquement, Iolanta avait été commandé avec le ballet Casse-Noisette par le Théâtre impérial de Saint-Pétersbourg pour être donné en 1892. Allez savoir pourquoi, l'idée de reprendre ce diptyque avait par la suite semblé impossible : ce n'est pas un hasard si, au cours de ces cent-vingt-cinq dernières années, il n'y a eu aucune tentative, ou presque, de réunir ces deux ouvrages.
Arnold Rutkowski, Andrei Jilihovschi, Dmitri Tcherniakov
Arnold Rutkowski, Andrei Jilihovschi, Dmitri Tcherniakov © Elena Bauer / OnP
Après de nombreux essais avec des œuvres allant de Rimski-Korsakov à Schönberg, j'ai dû me rendre à l'évidence : il était impossible de trouver meilleur partenaire pour Iolanta que Casse-Noisette. Surtout quand j’ai compris que ces deux ouvrages de Tchaïkovski appartenaient au même monde, relevaient de la même substance musicale. En consultant les carnets du compositeur conservés aux archives du musée de la ville de Kline, on s'aperçoit que les inspirations musicales pour Iolanta et Casse-Noisette cohabitent sur les mêmes pages, comme les parties d'une même entité. Il s'agissait de ses dernières œuvres pour le théâtre musical. Il les a composées un an avant sa mort : c'est le Tchaïkovski de la sixième symphonie, et Iolanta et Casse-Noisette forment une autre symphonie tragique distribuée entre l'opéra et le ballet. Ces deux histoires si différentes sont liées par la musique.    
© Elena Bauer / OnP

Ce projet est également le fruit de mon désir de marier les genres de l'opéra et du ballet. Ces deux arts si différents coexistent depuis des siècles sous le même toit tout en s’intéressant finalement assez peu l’un à l’autre. Les relier par un même thème, au service d'un objectif commun, m'a paru une idée formidable. C’est la raison pour laquelle, j’ai veillé à ne pas isoler Iolanta de Casse-Noisette par un entracte : il s’agit d’un spectacle, d’une même histoire où le ballet prend le relais en développant ce qui a déjà été dit et entendu dans l’opéra. Mais il le développe à un autre niveau, plus général, en repoussant les limites, en allant au-delà des frontières du thème proprement dit. Je pense que pour tout le monde ou presque, la musique de Casse-Noisette va au-delà d’une simple musique « utilitaire », une musique destinée à accompagner les danses selon le chronométrage précis de Marius Petipa. Cette musique est plus grande que le sujet au service duquel elle existe.

Danseurs du Ballet de l’Opéra
Danseurs du Ballet de l’Opéra © Agathe Poupeney / OnP
Je perçois toujours dans ce que j'entends quelque chose de plus grand et de plus vaste que ce que la scène me présente, comme si le théâtre et la danse étaient incapables d'arriver à de tels sommet, faute d'avoir les outils nécessaires. Dans notre spectacle, nous avons renoncé au sujet traditionnel du ballet inspiré du conte d'Hoffmann et de Dumas. L’idée d'inventer des circonstances scéniques nouvelles pour Casse-Noisette est la conséquence de cette nécessité d'essayer de trouver un procédé pour capter tout ce que l'on entend dans la musique : la douleur, la perte, la peur, la plénitude, l’allégresse débridée, la fragilité, le déchirement, la suffocation, la compassion…    


Dmitri Tcherniakov
Traduction du russe Macha Zonina

Podcast Iolanta / Casse-Noisette

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"Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris" - en partenariat avec France Musique

07 min

Podcast Iolanta / Casse-Noisette

Par Jean-Baptiste Urbain, France Musique

Avec « Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris », nous vous proposons des incursions originales dans la programmation de la saison à la faveur d’émissions produites par France Musique et l’Opéra national de Paris. Pour chacune des productions d’opéra et de ballet, Nathalie Moller pour le lyrique et Jean-Baptiste Urbain pour la danse, vous introduisent, avant votre passage dans nos théâtres, aux œuvres et aux artistes que vous allez découvrir. 

© Julien Benhamou / OnP

Doubles jeux

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Rencontre avec les interprètes de Iolanta et de Casse-Noisette

5:15 min

Doubles jeux

Par Anne-Solen Douguet

La soprano Valentina Naforniţă et la Première Danseuse Marion Barbeau se partagent les rôles principaux dans Iolanta et Casse-Noisette, actuellement à l’affiche au Palais Garnier. Si l’opéra et le ballet de Tchaïkovski avaient bien été conçus en diptyque en 1892, les deux pièces n’avaient jamais été présentées ensemble à l’Opéra avant 2016, à l’occasion de la production confiée à Dmitri Tcherniakov. Les deux interprètes reviennent sur les similitudes entre leurs personnages, deux jeunes femmes dont l’innocence est bousculée alors qu’elles s’éveillent à l’amour.

© Agathe Poupeney / OnP

Casse-Noisette : de l’enfance à la maturité

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Adaptations chorégraphiques, Noureev, Balanchine et Béjart

05 min

Casse-Noisette : de l’enfance à la maturité

Par Paola Dicelli

Inspiré du conte allemand d’E.T. A Hoffmann, le ballet Casse-Noisette est présenté pour la première fois le 18 décembre 1892 au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg. La musique est signée Piotr Ilyitch Tchaïkovski et la chorégraphie, Lev Ivanov, l’assistant de Marius Petipa. Ballet en deux actes, centré autour du passage de l’enfance à l’âge adulte, son argument inspire de nombreux chorégraphes, offrant un Casse-Noisette aux multiples facettes. Alors que la mise en scène de Dmitri Tcherniakov est reprise au Palais Garnier, Paola Dicelli s’est intéressée à l’éveil de Clara, jeune adolescente en quête d’elle-même. 


Lorsque Dmitri Tcherniakov choisit de mettre en scène Casse-Noisette à l’Opéra national de Paris en 2016, qu’il présente en même temps que l’opéra Iolanta de Tchaïkovski, il ne fait pas appel à un, mais à trois chorégraphes, aux univers bien différents. En découle une version originale, emmenée par Arthur Pita, Edouard Lock et Sidi Larbi Cherkaoui, où le personnage de Clara, qui plonge dans un songe le soir de Noël, se révèle résolument moderne. La jeune adolescente bascule d’un dîner de famille loufoque à un parcours initiatique, au cours duquel elle s’éveille à la sensualité. Ainsi, le second pas de deux, chorégraphié par Cherkaoui, dans lequel Clara danse avec un Casse-Noisette devenu prince, n’est pas sans évoquer un acte d’amour : les cheveux lâchés, en opposition au premier pas de deux, elle semble se donner totalement à son amant. Quand l’aveugle Iolanta, héroïne de l’opéra de Tchaïkovski qui précède le ballet, touche le visage de Clara, c’est aussi pour lui ouvrir les yeux sur l’amour. Elle, qui a recouvert la vue grâce à son amour pour Vaudémont, transmet ce secret à l’héroïne de Casse-Noisette. Et les deux femmes ne font plus qu’une. 

Casse-Noisette dans la version de Rudolf Noureev (avec Amandine Albisson)
Casse-Noisette dans la version de Rudolf Noureev (avec Amandine Albisson) © Sébastien Mathé / OnP

Pour la version Béjart : Turin (Italie), Teatro Regio, 2 octobre 1998. © Colette Masson/Roger-Viol
Cet éveil à la féminité est déjà sondé par Rudolf Noureev dans sa mise en scène de 1967 (première version donnée à l’Opéra de Stockholm) puis de 1985 pour le Ballet de l’Opéra de Paris. Toutefois, si dans le tableau des jouets, Edouard Lock insiste sur l’aspect « ballet sucrerie » de Casse-Noisette, avec notamment des pingouins géants au regard inquiétant (dont l’effet est renforcé par les différentes facettes de la personnalité de Clara), Noureev va plus loin et rompt drastiquement avec les versions plus édulcorées d’Ivanov, puis de Balanchine (1954). La féerie n’est plus, remplacée par les cauchemars de l’héroïne. La scène est peu éclairée, les souris sont féroces, n’hésitant pas à sauter sur Clara pour lui voler son Casse-Noisette ; la bataille entre les soldats et les rongeurs s’annonce très violente. Le spectateur est ainsi invité à plonger dans les pensées désordonnées d’une adolescente, en pleine transition vers la maturité. Tandis que la Clara de Tcherniakov révèle sa sensualité au fil des tableaux, celle de Noureev découvre le monde au bras de son prince. Le jouet (l’enfance) qui se transforme en homme (le désir) prend alors tout son sens chez Noureev. De même, dans sa version, l’oncle Drosselmeyer qui offre le Casse-Noisette, et le prince sont interprétés par le même danseur, incarnant deux entités masculines idéalisées par la jeune fille : chacun l’aidant ainsi à s’affranchir de l’enfance et de ses ténèbres, pour s’ouvrir au monde.

Une féerie est mise à mal, tandis que George Balanchine et Maurice Béjart avaient tenu à la conserver, chacun dans une interprétation différente. Chez le chorégraphe russe, tous les topoï du « ballet familial de Noël » sont présents : le décor grandiloquent, avec des piliers semblables à des sucres d’orge, de l’humour (deux petites filles sortent de sous la robe de la reine) et surtout, une atmosphère innocente. La Clara de Balanchine est ainsi représentée avec beaucoup plus de candeur que dans les autres versions chorégraphiques. Il signe la seule fin dans laquelle l’héroïne ne se réveille pas : tirée par le prince, elle s’éloigne sur un traîneau, comme si le rêve se prolongeait à jamais. 

Casse- Noisette dans la version de Maurice Béjart, Teatro Regio de Turin, 1998.
Casse- Noisette dans la version de Maurice Béjart, Teatro Regio de Turin, 1998. © Colette Masson/Roger-Viollet

Chez Maurice Béjart (1998), la féerie est davantage relative à la nostalgie de l’enfance. En effet, c’est sans doute son ballet le plus personnel, le chorégraphe se représentant lui-même à travers le personnage de Bim (Clara n’existe plus) et évoquant dans ce spectacle son dernier Noël passé avec sa mère, morte quand il n’avait que huit ans. Une mise en scène éminemment fellinienne, qui commence par ces mots du chorégraphe : « Je me souviens ». Clin d’œil sans doute au film Amarcord du cinéaste italien, réalisé en 1973. Sur scène, le Casse-Noisette est remplacé par une statue de Vénus, renvoyant à la figure de la mère. Au gré de son voyage dans le monde (dont la France, représentée par Yvette Horner), Béjart retrace son propre parcours, mais, comme chez Balanchine, le petit Bim ne semble pas mûrir ; le ballet est construit comme un dernier au revoir à sa mère, en forme d’hommage.

Casse-Noisette est donc une histoire à la portée tant personnelle qu’universelle, qui inspire également le cinéma. Toutefois, quelles que soient les décennies, les adaptations filmiques semblent susciter moins d’intérêt que les ballets (sans doute parce que la dimension « grand spectacle » est privilégiée à la psychologie des personnages). Le film Casse-Noisette et les Quatre Royaumes, sorti en novembre dernier et chapeauté par les studios Disney, fut un échec au box-office mondial, laissant ainsi la part belle aux interprétations chorégraphiques.

© DR

« Iolanta prend une place grandissante dans mon cœur »

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Sonya Yoncheva répond à vos questions !

07 min

« Iolanta prend une place grandissante dans mon cœur »

Par Octave

Sonya Yoncheva interprète le rôle-titre de Iolanta dans la production de Dmitri Tcherniakov de Iolanta/Casse-Noisette en ce moment au Palais Garnier. La soprano, qui n’avait pas pu se libérer pour le live-chat du 3 mars avec Marion Barbeau et Marine Ganio, a tout de même souhaité répondre aux questions des internautes.

Marie : Connaissiez-vous l’histoire de Iolanta lorsque vous étiez enfant ?

Sonya Yoncheva (S.Y.): Pas du tout. Je n’avais jamais entendu cette histoire de ma vie. Je l’ai complètement découverte avec l’opéra et j’ai été absolument fascinée. J’ai vite compris que ce n’était pas un conte de fées, une utopie, mais qu’il y avait beaucoup de profondeur à explorer, de sentiments, de pudeur, de non-dits, d’interdits, de problèmes de société… J’ai été absolument prise par cette histoire. 

André : On dit que Iolanta est le seul opéra de Tchaïkovski qui finit bien, que tout tend vers le positif. Êtes-vous d’accord ?

S.Y.: Oui, je suis d’accord. Parce que la vie de Iolanta est tellement sombre, l’opéra commence avec tant de doutes chez cette jeune fille, avec un père qui la séquestre dans cette maison, qui ne veut pas la montrer au monde… Au départ, elle souffre tant, ses sentiments se développent et sa vie passe sans qu’elle ne connaisse rien du monde et je trouve ça si tragique que cela mérite d’être canalisé dans un happy-end !

Timothée : Le metteur en scène Dmitri Tcherniakov a annoncé que Iolanta et Casse-Noisette seraient les deux parties d’un même spectacle. Les chanteurs et les danseurs sont-ils réunis sur scène ?

S.Y.: Oui, complètement. Dans une partie du spectacle, nous sommes tous sur scène. Je ne veux pas en dire plus, il faut vraiment voir le spectacle parce que c’est tellement bien fait, si bien calculé. Je trouve que cette transition de Iolanta à Casse-Noisette est un coup de génie.

Hélène : Chère Sonya, que pensez-vous de la mise en scène de Dmitri Tcherniakov ? Vous plaît-elle ? Vous sentez-vous en phase avec son interprétation de Iolanta ?

S.Y.: Complètement. Parce que quand on a commencé les répétitions, j’ai décidé de lui faire confiance à 200 %. Quand il m’a raconté sa vision de Iolanta, j’ai trouvé qu’il avait très finement lu les choses, compris l’histoire, pas seulement les faits mais tout ce qui se cache entre les lignes, tous les doutes et les tensions familiales et sociales. Oui, j’adore la mise en scène de Dmitri Tcherniakov. Je l’ai félicité mille fois déjà, je trouve que c’est un homme qui vient du futur, il voit des choses que dans le monde de l’opéra nous ne sommes pas tous encore capables de voir. 
Sonya Yoncheva dans Iolanta/Casse-Noisette au Palais Garnier
Sonya Yoncheva dans Iolanta/Casse-Noisette au Palais Garnier © Agathe Poupeney / OnP

Sarah : Comment se sont passées les répétitions ? Comment décririez-vous la direction d’acteurs de Dmitri Tcherniakov ?

S.Y.: Extrêmement intense. Je sortais de chaque répétition comme on dit en bulgare « comme un citron pressé » ! Vraiment sans énergie et en même temps chargée de tant d’émotions, je rentrais à la maison avec plein de pensées, je n’arrivais pas à dormir. Lors de certaines répétitions, parfois nous pleurions tous, c’était comme une thérapie. Ses séances de travail sont extrêmement intéressantes. Je souhaite aux jeunes gens voulant commencer ce métier, de metteur en scène ou d’interprète, d’assister à une répétition avec Tcherniakov. 

James : Dans Iolanta, l’héroïne est aveugle, et elle l’ignore parce que son père le Roi René lui a caché. Avez-vous ressenti une difficulté particulière à jouer une aveugle ?

S.Y.: Oui au tout début c’était très difficile parce que ce n’est pas seulement le fait qu’elle ne voie rien. Évidemment il fallait trouver cette espèce d’angle des yeux qui se perdent quelque part, qui ne brillent pas ou qui sont éteints mais ce qui était encore plus difficile c’était de trouver le langage corporel de quelqu’un qui est aveugle. J’ai un peu observé des personnes atteintes de cécité. Ils sont souvent assistés, aidés, ou ils connaissent les lieux qu’ils fréquentent, mais en même temps leur corps n’est pas tout à fait comme les autres, il est en alerte permanente, comme du feu sous la glace. J’ai passé un peu de temps à trouver ça, je me persuade aujourd’hui que j’ai trouvé la solution, ma solution en tout cas. Mais la difficulté était également pour mes partenaires, et même davantage que pour moi une fois que moi j’avais trouvé mon langage corporel juste. Avec mon regard, l’aspect surprenant des expressions de quelqu’un d’aveugle sur mon visage, mes collègues ont été assez déconcertés. C’était un peu dur pour eux parce qu’ils devaient jouer avec quelqu’un d’incroyablement vivant à l’intérieur mais en même temps éteint, avec qui peu d’interaction est possible. Avec Iolanta on reste seul. Et Iolanta demeure seule même accompagnée dans un certain sens. C’est là tout le tragique de sa cécité, c’est qu’elle est accompagnée par la solitude et l’ignorance. Notre but était de montrer cette solitude qui se brise à travers le choc de l’amour et de la lumière. Tout cela est si délicat que ça nous a poussés à travailler à rebours du jeu opératique traditionnel. Je dirais que c’était presque cinématographique. Tout devait être extrêmement précis et dans le ressenti intérieur. La manière de faire même de Dmitri était celle d’un cinéaste.

Sonya Yoncheva dans La Traviata de Verdi au Staatsoper de Berlin en décembre 2015
Sonya Yoncheva dans La Traviata de Verdi au Staatsoper de Berlin en décembre 2015 © Bernd Uhlig

Tristan : Comment approchez-vous cette œuvre majeure de Tchaïkovski, alors que vos principaux engagements en ce moment sont Violetta dans La Traviata ou Mimi dans La Bohème ? Ces rôles ont-ils un lien entre eux pour vous ?

S.Y.: Oui et non, pour moi le seul point commun c’est que ce sont des femmes qui vivent à travers moi et mon corps. On peut dire que j’ai plusieurs filles qui vivent en moi. J’essaie à chaque fois que je les interprète d’être moi-même. C’est comme ça que je peux leur apporter de la fraicheur, dépoussiérer un peu le personnage. Je ne suis pas du tout fan des interprétations opératiques traditionnelles, c’est pour ça d’ailleurs, qu’avec Dmitri, que sur cette création, on a trouvé autant de points communs dans nos opinions.

Clément : Au cours de votre carrière quel est le rôle qui vous a le plus touché ?

S.Y.: Violetta dans La Traviata. Mais je dois dire qu’au fil des représentations, Iolanta est en train de prendre une place grandissante dans mon cœur. Parce que, vous savez, tout va dépendre de la dramaturgie. Si Iolanta me touche tant, c’est aussi grâce à l’interprétation de Dmitri. Sa lecture m’a complètement saisie et jetée dans l’eau. Iolanta est extrêmement touchante par sa foi en l’amour et son courage. Sa soif de découvrir le monde est déchirante. C’est une jeune fille qui est séquestrée dans une cage, disons-le clairement. Son père essaie de compenser son handicap en essayant de créer un environnement parfait autour d’elle, de l’entourer de personnes qui l’aiment. Mais ces gens ne l’aiment pas vraiment parce qu’ils sont là pour la servir et sont payés par son père pour le faire. A travers Vaudémont elle découvre le vrai amour, et cela lui donne la force de découvrir la vérité du monde même si l’inconnu la terrifie. Moi, à sa place je ferais la même chose. Je pense que l’amour seul a le pouvoir de nous changer la vie. Il peut nous ouvrir les yeux, nous rendre vivants, il peut aussi nous tuer. Les sentiments sont des armes hyperpuissantes, jouer avec est dangereux mais c'est en même temps un tel plaisir. C’est explorer ce spectre des sentiments que peut provoquer l’amour qui m’intéresse dans mon métier.


Propos recueillis par Milena Mc Closkey

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Marion Barbeau et Marine Ganio répondent à vos questions

15 min

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Par Octave

Le live-chat a commencé, n'hésitez pas à réagir et à poser vos questions aux artistes !  

Flavion : Bonjour les artistes ;-)

Marie : Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec Casse-Noisette ?

Marion Barbeau : J'ai dû le voir quand j'étais petite. Mais mon premier vrai souvenir, c'est en tant que danseuse du Corps de Ballet, ce devait être au cours de ma troisième année, lorsque j'ai participé à toutes les danses du Corps de Ballet dans la version de Noureev, qui ne sont pas évidentes. On dit souvent que la version de Rudolf Noureev est féérique, mais elle est assez sombre malgré tout.

Marine Garnio : Pour ma part, mon premier contact avec Casse-Noisette, c'était à Marseille, lorsque j'étais petite, avec la version de Roland Petit. J'en ai conservé très peu de souvenirs. Puis, par la suite, comme Marion, ici, dans le Corps de Ballet. Je n'ai pas eu la chance de tellement participer au ballet parce que j'étais encore trop jeune. J'ai un peu dansé la Valse des fleurs.


Victor : Comment avez-vous réagi en apprenant que vous danseriez le rôle principal de cette nouvelle version de Casse-Noisette mise en scène par Dmitri Tcherniakov ?

Marion Barbeau : On nous avait prévenu que ça n'aurait rien à voir avec le Casse-Noisette qu'on connaissait déjà. J'ai été surprise qu'on me choisisse parce que c'est une très grosse production avec beaucoup de chorégraphes. C'était une super nouvelle !

Marine Ganio : Quand Dmitri Tcherniakov nous a parlé de ce projet, je me suis tout de suite dit que ce rôle était très enrichissant, et que c'était cela qui m'intéressait dans mon évolution personnelle. Je me suis dit que celle qui aurait la chance de faire ce rôle, ce serait super pour elle. Puis il y a eu la première répétition, avec Edouard Lock, et on m'a fait confiance. Ce n'était pas du tout prévu.

Marion Barbeau en répétition
Marion Barbeau en répétition © Agathe Poupeney / OnP

Ninagimarium : Bonjour, j'ai pu découvrir Marion Barbeau dans le documentaire Relève et je l'ai toujours trouvée sublime avec Léonore Baulac.

Michèle : Dmitri Tcherniakov a annoncé que sa version de Casse-Noisette n'aurait rien à voir avec les versions que nous connaissons. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Maria : Can you tell how Tcherniakov working with choreographers? How are they depended on the idea of the director? Sorry, I do not speaking French.

OperaBT : Casse-Noisette n'est pas plutôt un ballet de Noël que de Pâques ?

Marine Ganio : Je suis persuadée qu'il ne faut pas venir à la soirée dans la perspective de voir Casse-Noisette. C'est très différent. De plus, toute l'histoire découle de Iolanta. Il y a ce lien très fort entre les deux œuvres. Ce n'est pas l'histoire de Casse-Noisette que l'on connaît avec le réveillon de Noël.

Marion Barbeau : L'héroïne ne traverse pas les mêmes expériences, même si cela la fait grandir également, comme dans le Casse-Noisette que l'on connaît. Ce serait le point commun qu'on pourrait trouver.


FreakMcLyric : Cette peur de grandir qu'évoque Marion pour Marie, qui est probablement le reflet de l'inquiétude que ressent Iolanta à l'idée de retrouver la vue, est-elle le fil conducteur de la production de Tcherniakov ?

Marion Barbeau : L'histoire imaginée par Tcherniakov est violente. Plus réelle aussi. Elle va plus loin dans le sens où l'héroïne expérimente des choses plus concrètes dans la vie, des choses pas forcément agréables.

Marine Ganio : Elle traverse des peurs : l'angoisse du vide, de l'immensité, l'angoisse de grandir, de voir le monde extérieur. Des peurs réelles que nous autres, spectateurs, pouvons comprendre.

Marion Barbeau : Cette partie angoissante contraste avec tout le début, ici chorégraphié par Arthur Pita, où elle vit dans un cocon, quelque chose de très chaleureux, elle est très entourée, protégée de l'extérieur pour qu'elle ne soit pas traumatisée par la vie.


S_G : Je souhaitais aussi vous dire que je trouve Marion Barbeau magnifique dans ce rôle. J'ai pu la découvrir a travers ce ballet en tant que figurant. des photos que j'ai vu, Marine Ganio a l'air sublime aussi :)

Thibault : Votre travail de danseuse est-il également un travail d'actrice ?

Marion Barbeau : C'est sûr que c'est la première fois où ça nous demande autant de réflexion sur la manière de jouer, mais sans le danser, sans pantomime. Cela passe par un regard ou des gestes qu'on pourrait faire dans la vie. C'est très moderne. Ce n'est pas surjoué, c'est ressenti. Emotionnellement, c'est très fort. Dans le travaill, on ne se rend pas forcément compte. Au fur et à mesure que le projet se construit et prend forme, quand on rentre dedans, c'est très émouvant. Pas forcément parce qu'on se pose des milliers de questions sur sa vie. On n'a pas le temps. Mais cela crée des choses dans le corps. Rien que la scène des flocons est incroyablement forte dans cette version.


Raphaël : Ce Casse-Noisette a été chorégraphié par trois chorégraphes. Comment ont-ils travaillé ensemble ?

Marion Barbeau : On n'a jamais travaillé avec les trois chorégraphes ensemble. Ils font des parties distinctes. Il y a des transitions, mais ce n'est pas ce qu'on fait en premier. Il y a un travail en amont avant de bâtir la chorégraphie, pour comprendre comment le chorégraphe travaille, apprendre à le connaître et qu'il apprenne à nous connaître. Ce sont trois univers très différents. Arthur Pita, c'est beaucoup de parties jouées. Juste des petites danses qui sont inspirées des années 1950. Mais c'est surtout beaucoup de jeu. Il est très fort pour ça, c'est très clair, c'est très vrai. Il a beaucoup d'humour, on le ressent dans sa partie. C'est à la limite de l'absurde. Edouard Lock travaille de manière très particulière dans le sens où il recourt à de tout petits mouvements très précis. On travaille beaucoup avec la vidéo. On regarde et on apprend. Une fois appris, on peut travailler, et en fonction de ça, il change beaucoup. C'est très intéressant. Il ne veut pas construire tout de suite. Il veut surtout voir comment cela peut rendre sur les danseurs et, à la toute fin seulement, on comprend ce que ça va être. Enfin, Sidi Larbi Cherkaoui avait déjà beaucoup bâti sa chorégraphie. Il était avec ses assistants, il nous l'a montrée. Puis il s'adapte en fonction de nous. Mais il a déjà beaucoup travaillé en amont. On apprend à comprendre les gestes qui lui sont propres.

Marine Ganio : On cherche toujours, ça nous fait toujours plaisir de faire partie d'une création. Le fait de rencontrer un chorégraphe, de partager avec lui. On a la chance d'en avoir trois d'un coup, on profite trois fois plus. Malheureusement pour eux, ils doivent partager leur temps. Ils ont l'habitude d'avoir les danseurs toute la journée pour eux. Là, il faut s'adapter, accepter que ça n'avance pas aussi vite. Je pense que ça les trouble un peu et on peut le comprendre. Ces trois personnes sont d'une gentillesse et d'une humanité incroyables... Je trouve que ce sont de belles rencontres. C'est génial. Arthur Pita, c'est de l'acting pur, de petits détails, des regards. Par la suite, on va pouvoir se servir et piocher dans les informations qu'il nous a données pour d'autres choses. Edouard, je lui dois beaucoup. Rien que pour ça, je suis contente d'être en studio avec lui. Travailler avec lui demande beaucoup de précision. Il a une attente très précise. Du coup, cela nous demande beaucoup d'investissement, de patience, de confiance en lui et en son regard. Sidi Larbi Cherkaoui, c'est un travail fascinant de pas de deux. Il a une manière incroyable d'expliquer la relation du corps de la fille avec celui du garçon, leurs interactions. Il n'y a que des conséquences, chaque pas en amène un autre et s'il n'est pas fait de telle manière, ça ne marchera pas. Il a des assistants incroyables, qui nous aident beaucoup . Les expériences de studio avec ces chorégraphes vont nous servir. Elles nous enrichissent déjà.


Carla : Est-ce une difficulté pour vous que de devoir assimiler pour une même pièce trois styles chorégraphiques différents ?

Marion Barbeau : Oui et non. Si on restait de midi à 19 h avec le même chorégraphe, on aurait le temps de le comprendre, de s'adapter physiquement à son travail. En même temps, trois chorégraphes différents, cela permet de compléter le personnage. Evidemment, comme ce sont trois univers différents, on ne peut pas se servir d'un chorégraphe pour l'autre. Mais psychologiquement, ça apporte beaucoup, ça complète la construction du personnage. Il y a forcément des problèmes techniques. Le travail de l'un va se faire pieds nus et celui d'un autre en chaussettes. Edouard préfère les chaussures à talons. Il faut gérer les transitions parce que le personnage de Marie reste en scène pendant tout le ballet. Ce sont des questions techniques mais qui, pour nous, ont beaucoup d'importance.

Marine Ganio en répétition
Marine Ganio en répétition © Agathe Poupeney / OnP

Nora : Avez-vous aimé travailler avec Dmitri Tcherniakov ?

Marine Ganio : Lors de la première présentation du projet qu'on a eue avec Dmitri, le livret était passionnant, mais surtout, ce qui m'a impressionnée, c'est de voir avec quelle intensité il nous le racontait. Il y mettait tout son coeur, toute son âme. Il jouait le livret, il était dedans, il vivait les choses. C'est incroyable de voir comme il est plongé dedans. Je pense que c'est primordial parce que du coup, on a envie de le suivre. On le voit tellement passionné qu'on a envie de le suivre.

Marion Barbeau : On n'a pas vu tout de suite la cohérence de l'ensemble. A chaque fois que Tcherniakov est avec nous, il met l'accent sur la façon de jouer. A chaque fois qu'il nous montre, pour n'importe quel rôle, c'est très clair. Il se met dans la peau des personnages et c'est fascinant de le voir. Il a des idées très précises, c'est très musical. Il connaît toutes les musiques par coeur. Il faut vraiment lui faire confiance, c'est un génie. Il a tout en tête, c'est très précis. Il laisse faire les chorégraphes, mais il a son idée. Il faut la respecter. On peut lui faire confiance les yeux fermés.


Carlos : Quel a été votre plus grand défi dans ce travail ?

Marine Ganio : Ce que j'aime jouer, c'est le côté sombre, tragique. C'est ce genre d'histoire qui m'émeut. Ce sont les drames qui me font vivre passionnément, les grands ballets dramatiques où l'on pleure à la fin. J'aime pleurer dans la salle, et j'aimerais un jour faire pleurer les gens qui viennent me voir.

Marion Barbeau : En tant qu'artiste, on a envie de pleurer, de tomber amoureuse en scène. Et merci ! Parce qu'on est vraiment servis avec cette production. La mise en scène et les chorégraphies font qu'on n'a pas besoin d'en rajouter. Tout est là pour qu'on soit émus.

Marine Ganio : Il faut faire confiance au livret et aux chorégraphes.


Cécile : Lorsque vous composez un personnage, y mettez-vous beaucoup de vous-même ?

Marine Ganio : Dans le cas de Casse-Noisette, avec cette question du passage à l'âge adulte, je ne sais pas vraiment... Je suis mariée. Je vis avec quelqu'un. La crainte de le perdre, cette conscience de la vieillesse à deux, et peut-être de se retrouver seule. Oui, bien sûr, on se reconnaît dans ces préoccupations. C'est plus dans ces craintes de la vie qui se déroule, de tout ce qui nous entoure, des gens qui nous entourent, de la confiance qu'on peut accorder ou non. Parfois, on fait confiance à des personnes très proches, et on ne sait pas si on peut vraiment compter dessus. C'est davantage cet aspect du spectacle qui me touche que la transition d'enfant à adulte. Je ne l'ai pas sentie dans ma vie. Cela me parle moins que toutes ces peurs que Marie va traverser.

Marion Barbeau : Le fait qu'elle tombe amoureuse, qu'elle soit fascinée, pendant une soirée, tous ces regards, oui, cela m'est arrivé plus d'une fois, même si j'essayais d'être un peu plus discrète... (Rires) Oui, en effet, le passage à l'âge adulte, lorsque l'on se rend compte qu'on n'a plus besoin de nos parents, qu'on peut gérer une situation seule... Cela me touche. Ma famille m'a protégée. C'est exactement le cas de Marie : beaucoup d'amour et de protection par rapport au monde qui l'entoure. Le fait d'avoir travaillé à l'Opéra jeune et d'avoir des responsabilités... Oui, bien sûr, il y a des points communs avec cette histoire...


Kenza : Au sein du Ballet de l'Opéra, vous abordez aussi bien le classique que le contemporain. Qu'est-ce que ce mélange vous apporte ?

Marion Barbeau : Forcément, le fait d'avoir une base classique, c'est un excellent bagage. En revanche, pour cette production, par exemple pour les chorégraphies de Sidi Larbi Cherkaoui, il y a certaines choses qu'il faut oublier parce qu'en classique, on a envie de monter, pas forcément de tout prendre dans le sol, parce que musculairement, c'est un tout autre travail. Cela nous sert, mais il y a certaines choses qui sont complètement différentes du classique. En revanche, ça peut être très intéressant de repenser à ce travail quand on redanse du classique. Ce ne sont pas deux styles détachés.

Marine Ganio : Je ne pense pas qu'il y ait un mur entre classique et contemporain. Toute technique peut aider l'autre. Une fois, Sidi Larbi Cherkaoui parlait d'un transfert du poids du corps et je me suis dit que cela semblait tellement logique, normal et pourtant, j'avais tendance à l'oublier alors que je pouvais m'en servir dans le classique. Je pense qu'on peut se servir de toutes les techniques pour s'améliorer.

Marion Barbeau et Stéphane Bullion
Marion Barbeau et Stéphane Bullion © Agathe Poupeney / OnP

Nadia : Vous êtes devenue l’héroïne d’un film de la 3e scène où vous étiez transformée en héroïne de dessin animé par le dessinateur Glen Keane. Pouvez-vous revenir sur cette expérience ?

Marion Barbeau : C'était vraiment un cadeau, cette expérience. Rencontrer Glen Keane, c'était un cadeau parce que c'est un génie. C'est quelqu'un d'une bonté infinie. Cela s'est passé sur deux jours, il avait des idées, mais assez ouvertes. C'était en trois parties, en trois diagonales. Le début, c'est une jeune fille, mais qu'on pourrait comparer à une biche, qui a beaucoup d'espoir, qui s'élève dans la vie. On peut aussi la comparer à Marie dans Casse-Noisette, d'une certaine façon. En images, un ouragan la bouscule, elle se met à terre mais elle arrive à trouver la force d'en revenir et elle en sort grandie. Glen avait en tête quelques mouvements, mais il ne connaissait pas vraiment la danse. On a essayé de se mettre d'accord sur une chorégraphie. Et en même temps que je dansais, il dessinait. Avec une vitesse impressionnante. Parfois je faisais des pauses et prenait la pose pour qu'il me dessine. C'était une expérience sublime. C'est très émouvant aussi de se voir en dessin animé. J'aimerais bien ressembler à cette fille. C'est un rêve de petite fille. Surtout que là, c'est Disney.

« Nephtali » by Glen Keane

OISEAUROCK : cette animation, tout, c'est incroyable, troublant par rapport à la danse, merci

Ce live-chat est maintenant terminé. Sonya Yoncheva, qui devait y participer, n'a malheureusement pas pu nous rejoindre.

Merci à tous d'avoir posé vos questions et suivi cette rencontre.

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Au Palais Garnier, des places à 10 € en 6e catégorie (visibilité très réduite, deux places maximum par personne) sont en vente le jour de la représentation aux guichets du Palais Garnier.

Dans les deux théâtres, des places à tarifs réduits sont vendues aux guichets à partir de 30 minutes avant la représentation :

  • Places à 35 € pour les moins de 28 ans, demandeurs d’emploi (avec justificatif de moins de trois mois) et seniors de plus de 65 ans non imposables (avec justificatif de non-imposition de l’année en cours)
  • Places à 70 € pour les seniors de plus de 65 ans

Retrouvez les univers de l’opéra et du ballet dans les boutiques de l’Opéra national de Paris. Vous pourrez vous y procurer les programmes des spectacles, des livres, des enregistrements, mais aussi une large gamme de papeterie, vêtements et accessoires de mode, des bijoux et objets décoratifs, ainsi que le miel de l’Opéra.

Au Palais Garnier
  • Tous les jours, de 10h30 à 18h et jusqu’à la fin des représentations
  • Accessible depuis la place de l’Opéra ou les espaces publics du théâtre
  • Renseignements au 01 53 43 03 97

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