Né à bord du Transsibérien dans la région du lac Baïkal, Rudolf Noureev pratique très tôt la danse folklorique et prend des cours de danse classique au théâtre d’Oufa (Bachkirie), ville de son enfance. En 1955, il est admis à la prestigieuse École de danse Vaganova (Léningrad) où il rencontre son professeur d’élection, Alexandre Pouchkine. En 1958, il entre comme soliste dans la compagnie du Ballet du Théâtre du Kirov (ex-Théâtre Mariinski) de Léningrad. Ses débuts dans le pas de trois du Lac des cygnes puis ses nombreuses apparitions en font vite une idole du public. En 1961, pour la première tournée du Kirov à l’étranger, il apparaît sur la scène du Palais Garnier dans l’acte des Ombres de La Bayadère. Quelques jours plus tard, il demande le droit d’asile à l’aéroport du Bourget : on veut l’obliger à embarquer vers l’URSS alors que la troupe s’envole pour Londres. Dès le lendemain, il est engagé dans les Ballets du marquis de Cuevas. Rudolf Noureev fait alors des rencontres décisives : Erik Bruhn, danseur Étoile du Ballet Royal du Danemark, auprès duquel il étudie le style de Bournonville, Margot Fonteyn avec qui il danse Giselle puis Marguerite et Armand, devenant « artiste invité » du Royal Ballet de Londres jusqu’en 1977. En 1963, Rudolf Noureev remonte pour la première fois l’acte des Ombres de La Bayadère pour le Royal Ballet. Sa carrière devient internationale. Il danse en Étoile invitée avec toutes les grandes compagnies de ballet en Europe, aux États-Unis, interprète du grand répertoire et des créations de Frederick Ashton, Rudi Van Dantzig, Roland Petit, Maurice Béjart, George Balanchine… En 1983, il est nommé Directeur de la Danse de l'Opéra national de Paris, poste qu’il occupera jusqu’en 1989. Pendant ces six années, il se sera notamment employé à élargir le répertoire (reconstitutions baroques et préromantiques) en y faisant entrer les grands ballets – Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant, Raymonda… – d’après Marius Petipa, à faire revenir Jerome Robbins et Merce Cunningham au Palais Garnier, à inviter - outre Roland Petit, Maurice Béjart, John Neumeier - Paul Taylor et Twyla Tharp, à demander à Robert Wilson de donner sa vision du Martyre de Saint Sébastien (1988), à passer commande à Dominique Bagouet, Maguy Marin, Karole Armitage et à révéler William Forsythe. En 1990 et 1991, toujours « chorégraphe principal » du Ballet de l’Opéra, il vient remonter les reprises du Lac des cygnes, de Don Quichotte, de Roméo et Juliette et consacre ses dernières forces à La Bayadère (créée en 1992), le ballet qui l'avait déjà - à l'Opéra - propulsé sous les projecteurs de la gloire et fait choisir la liberté.