La salle de la rue de Richelieu, qui fait l’angle avec la rue Louvois, a été construite en 1793 sur le terrain d’un ancien hôtel particulier que Mademoiselle Montansier avait acquis en 1791. C’est donc son théâtre qui occupe, dans un premier temps, les lieux, avant que l’on ne l’accuse à tort (et par jalousie) de vouloir mettre le feu à la Bibliothèque nationale qui se situe juste en face de la rue. Le Comité de Salut-Public installe l’Opéra dans cette salle, qui devient le Théâtre national ou Théâtre des Arts le 7 août 1794.
Elle peut accueillir 2 800 spectateurs, avec un parterre assis, et possède une fosse d’une capacité de 54 musiciens. Si dans les premiers temps de l’installation dans la salle de la rue de Richelieu, le répertoire révolutionnaire est toujours dominant (Le Chant du Départ est donné pour la première fois à l’Opéra le 29 septembre 1794), le Directoire puis l’Empire et enfin la Restauration constituent des moments fastes pour l’Opéra. Méhul et Grétry sont les compositeurs phares de cette période, ainsi que Lesueur et Persuis, même si leurs œuvres ne nous sont pas parvenues. En 1805, on donne pour la première fois le Don Giovanni de Mozart, dans une version remaniée par Kalkbrenner ; c’est aussi dans cette salle que le ténor Lavigne parvient à atteindre l’ut de poitrine, note prouvant sa virtuosité technique, et que l’on donne le ballet Zéphire et Flore en suspendant les danseurs à des fils invisibles…
L’Opéra possède de plus en plus de privilèges ; en 1806, celui d’être le seul théâtre à pouvoir donner des bals maqués ; en 1807, Napoléon Ier abandonne le système de la liberté des théâtres et redonne à l’Opéra celui de seul « représenter les pièces qui sont entièrement en musique, et les ballets du genre noble et gracieux » Les autres établissements de spectacles étaient contraints de lui verser une redevance.
Alors que Louis XVIII envisage de construire une nouvelle salle pour l’Opéra, l’assassinat du duc de Berry le 13 février 1820 devant la salle de la rue de Richelieu précipite son déménagement. L’Opéra se déplace à nouveau dans une salle provisoire, au Théâtre Favart, en attendant la construction d’un nouveau bâtiment.