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Spectacle / Événement

Lieu

Expérience

Calendrier

  • Entre   et 

Julien Benhamou / OnP

Ballet

Onéguine

John Cranko

Palais Garnier

du 10 février au 07 mars 2018

2h20 avec 2 entractes

Synopsis


Qui es-tu donc, mon ange gardien ou bien un perfide séducteur ?
- Tatiana, Eugène Onéguine, Alexandre Pouchkine


Romantisme et dandysme pétersbourgeois sont à l’honneur dans ce grand ballet classique. Oeuvre en vers d’Alexandre Pouchkine, Eugène Onéguine est le roman des rencontres manquées, des amours perdues et des remords sanglants. C’est aussi le ballet du chorégraphe John Cranko, premier de la tradition anglo‑saxonne à s’intéresser à ces thématiques dramatiques, chargées d’intensité émotionnelle. La passion tourmentée et l’amour inachevé qui marquent cette oeuvre aux accents shakespeariens ont très vite séduit le chorégraphe. Un choix d’extraits d’œuvres de Tchaikovski porte les élans lyriques des corps en mouvement et la théâtralité de l’oeuvre.

Durée : 2h20 avec 2 entractes

Voir les actes

Détail des actes

PREMIER ACTE – À LA CAMPAGNE
SCÈNE I – LE JARDIN DE MADAME LARINA

Madame Larina reçoit les amis de ses filles, Tatiana et Olga. Tandis que la joyeuse Olga est toute à sa nouvelle robe, Tatiana, d’humeur plus romantique, reste absorbée dans sa lecture. Madame Larina jette un regard nostalgique sur un miroir posé sur la table. On dit que celle qui s’y regarde voit apparaître les traits de son bien-aimé. La fiction semble devenir réalité quand Olga, se penchant sur le miroir, y découvre le reflet de son fiancé, le poète Vladimir Lenski, qui vient d’arriver. Mais lorsque Tatiana regarde à son tour le miroir, c’est le visage d’un inconnu qui s’y découpe. Il s’appelle Eugène Onéguine et vient de Saint‑Pétersbourg rendre visite à son ami Lenski. C’est un homme un peu blasé, qui pose un regard ironique sur les choses et les gens. Il ne prête pas véritablement attention à Tatiana, mais celle-ci, après son départ, demeure profondément troublée.

SCÈNE II – LA CHAMBRE DE TATIANA

Tatiana, habituellement si réservée, écrit une lettre exaltée à Onéguine, qu’elle déchire, puis réécrit. Épuisée, elle s’endort. Dans son sommeil, elle rêve de cet homme qui apparaît dans le miroir et répond à son amour.

DEUXIÈME ACTE
SCÈNE I – LA MAISON DE MADAME LARINA

On fête l’anniversaire de Tatiana. Lenski et Onéguine font partie des invités. Gardant une humeur distante, Onéguine invite Tatiana à danser, mais il l’abandonne vite pour s’asseoir à une table de jeu. Décontenancée, Tatiana, qui attendait un signe de lui en réponse à sa lettre, essaie de lui parler. Onéguine lui rend sa lettre. Tatiana éclate en sanglots. Irrité par sa réaction, Onéguine déchire la lettre sous ses yeux. L’arrivée du Prince Grémine, ami de la famille, fait diversion. Mais voilà qu’Onéguine, cynique, se met à flirter avec Olga, suscitant la jalousie de Lenski, qui provoque son ami en duel.

SCENE II – UN PARC DÉSERT

Lenski arrive le premier sur le lieu du duel. Olga et Tatiana le conjurent de renoncer à cet affrontement. Onéguine semble également prêt à se réconcilier. Mais le romantique poète, blessé dans son amour propre, demande que réparation soit faite. Onéguine ajuste son pistolet. Au coup de feu, Lenski s’écroule.

TROISIÈME ACTE – À SAINT-PÉTERSBOURG
SCÈNE I – UN BAL CHEZ LE PRINCE GRÉMINE

Dix ans ont passé. Eugène Onéguine a voyagé. Il revient à Saint-Pétersbourg sans illusions. Invité au bal donné par le Prince Grémine, il reconnaît Tatiana et découvre que celle-ci est à présent l’épouse du Prince. L’adolescente romanesque est devenue une jeune femme élégante. Il se précipite vers elle, mais Tatiana se détourne. Ébranlé, il voit défiler ses souvenirs et éprouve le sentiment d’avoir gâché sa vie en ayant négligé son seul grand amour.

SCÈNE II – LE BOUDOIR DE TATIANA

Onéguine écrit une lettre a Tatiana lui annonçant son arrivée. Tatiana redoute cette rencontre, mais c’est en vain qu’elle prie son mari de ne pas la laisser seule ce soir-là. Onéguine arrive et lui avoue ses sentiments. Tatiana tente de le repousser tout en reconnaissant qu’elle n’a cessé de l’aimer. Mais sa conscience lui commande de taire sa passion. Renouvelant le même geste blessant, elle déchire la lettre d’Onéguine sous ses yeux.

Artistes

Ballet en trois actes

D'après Alexandre Pouchkine

Équipe artistique

  • John Cranko
    John Cranko Chorégraphie
  • Piotr Ilyitch Tchaïkovski
    Piotr Ilyitch Tchaïkovski Musique
  • John Cranko
    John Cranko Livret
  • opera logo
    James Tuggle Direction musicale
  • John Cranko
    John Cranko Mise en scène
  • opera logo
    Jürgen Rose Décors
  • opera logo
    Steen Bjarke Lumières

Distribution

  • vendredi 09 février 2018 à 19:30
  • samedi 10 février 2018 à 19:30
  • dimanche 11 février 2018 à 14:30
  • mardi 13 février 2018 à 19:30
  • mercredi 14 février 2018 à 19:30
  • jeudi 15 février 2018 à 19:30
  • vendredi 16 février 2018 à 19:30
  • samedi 17 février 2018 à 19:30
  • mardi 20 février 2018 à 19:30
  • mercredi 21 février 2018 à 19:30
  • jeudi 22 février 2018 à 19:30
  • vendredi 23 février 2018 à 19:30
  • samedi 24 février 2018 à 19:30
  • dimanche 25 février 2018 à 14:30
  • mardi 27 février 2018 à 19:30
  • mercredi 28 février 2018 à 20:00
  • jeudi 01 mars 2018 à 20:00
  • vendredi 02 mars 2018 à 20:00
  • samedi 03 mars 2018 à 20:00
  • lundi 05 mars 2018 à 19:30
  • mardi 06 mars 2018 à 19:30
  • mercredi 07 mars 2018 à 19:30

Dernière mise à jour le 31 janvier 2018, distribution susceptible d’être modifiée.

Dernière mise à jour le 31 janvier 2018, distribution susceptible d’être modifiée.

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Onéguine et Tatiana, passionnément

07 min

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Par Isabelle Calabre

Lyrisme, théâtralité, duel, amours désaccordés… Tous les ingrédients sont réunis pour faire d’Onéguine, l’une des œuvres les plus dramatiques du répertoire du Ballet de l’Opéra. Du roman au ballet, John Cranko avive le feu entre trivial et sublime…


Peu de drames sont aussi ordinaires que l’intrigue d’Onéguine. Quoi de plus banal, en effet, qu’un amour éconduit ? Quoi de plus courant, de même, qu’un revirement de sentiments conduisant à adorer ce que l’on a jadis dédaigné ? Peu de situations, pourtant, sont si intrinsèquement tragiques. Cette intensité dramatique tient tout d’abord à la personnalité des deux protagonistes, devenus les figures emblématiques de la passion non partagée. Onéguine, en premier lieu, que l’on peut presque qualifier d’antihéros tant son comportement initial le fait apparaître comme un être odieux. Tatiana ensuite qui, dès sa première apparition, s’élève bien au-delà de la simple figure de la jeune fille sentimentale - laissant ce rôle à sa sœur Olga - pour atteindre au sublime amoureux dans ses accents les plus déchirants. Mais la force dramatique de l’intrigue serait moins puissante si John Cranko, adaptant à la suite de Tchaikovski le roman en vers de Pouchkine, n’avait pris soin de balancer symétriquement l’action autour de deux scènes-phares, dont l’éclat et la portée rejaillissent sur l’ensemble de l’œuvre.

Rappelons, en quelques mots, l’argument du ballet : tandis que sa sœur, Olga, est fiancée au poète Vladimir Lenski, Tatiana tombe éperdument amoureuse d’un ami de ce dernier, le dandy Eugène Onéguine. La jeune fille lui écrit une lettre passionnée et imagine leurs retrouvailles le temps d’un tendre pas de deux. Mais lorsqu’au cours d’un bal, elle rencontre à nouveau Onéguine, celui-ci se montre froid et distant. Pis, il déchire sous ses yeux la lettre que Tatiana lui a envoyée et se met à flirter ostensiblement avec sa sœur. Ce faisant, il excite la colère de son ami Lenski qui le provoque en duel. Le poète meurt sous le pistolet d’Onéguine qui s’enfuit. Dix ans plus tard, de retour à Saint-Pétersbourg, il se rend à un bal et y croise Tatiana, devenue l’épouse du prince Grémine. Troublé, il prend conscience qu’il a gâché sa vie et écrit à la jeune femme pour la revoir. Seul chez elle, il lui avoue son amour. Celle-ci, en retour, lui confesse que ses sentiments n’ont pas changé mais, par fierté, finit par déchirer la lettre d’Onéguine qui part désespéré.    
Laura Hecquet (Tatiana) et Stéphane Bullion (Eugène Onéguine) en répétition, Opéra national de Paris, 2018
Laura Hecquet (Tatiana) et Stéphane Bullion (Eugène Onéguine) en répétition, Opéra national de Paris, 2018 © Julien Benhamou / OnP

On voit immédiatement le parallèle entre la scène deux de l’Acte I, au cours de laquelle Tatiana déclare en rêve sa flamme à un Onéguine consentant, et la scène inversée du troisième acte qui clôt le ballet, où la jeune femme semble céder à l’amour tardif de ce dernier avant de se ressaisir et de le chasser. La première, ardente et superbe, est une déclaration d’amour réciproque. Elle baigne tout entière dans une atmosphère langoureuse, celle de la passion partagée. Cranko multiplie avec virtuosité les portés et les abandons sensuels, liant ses deux protagonistes d’un fil invisible dont leurs yeux et leurs mains sont les constants relais. Ce faisant, il marque un contraste saisissant avec leur rencontre initiale de la scène 1 au cours de laquelle Onéguine, comme absent, affichait une indifférence provocatrice et semblait se prêter malgré lui à une variation sous les yeux de Tatiana, sans jamais pour autant croiser son regard.

Tout autre est leur dernière entrevue, Acte III. Après une scène de bal construite en écho avec celle de l’Acte II, centrée sur une Tatiana souveraine et distante face à un Onéguine humble et repentant, les deux amants se retrouvent dans l’intimité d’une chambre semblable à celle où, jadis, la jeune fille rêvait à l’amour. Mais contrairement à l’évidente fluidité qui baignait leur premier duo amoureux, le pas de deux de leurs retrouvailles n’est qu’une suite d’allers et retours heurtés, tragiques, au cours desquels leurs corps ne paraissent se toucher que pour mieux se fuir. Tandis qu’Onéguine se traîne littéralement aux pieds de la princesse Grémine, celle-ci ne cède à son étreinte que sous la contrainte de sentiments qu’elle repousse. Et leurs redditions successives au sol, qui sonnent comme autant de défaites - elle ployée sous lui à terre, lui rampant à genoux derrière elle - condamnent à l’avance l’envolée factice du grand porté final. Loin du bonheur illusoire de l’Acte I, la passion s’éprouve dans le drame et l’incommunicabilité.

Pour accentuer ce sentiment oppressant d’une félicité qui, sans cesse, se dérobe, Cranko a resserré l’action jusqu’à l’épure. Les personnages secondaires tels que Madame Larina, la mère des deux jeunes filles, ou même le prince Grémine ne sont plus que les témoins impuissants d’une tragédie à quatre, et surtout à deux, qui repose tout entière sur les sentiments intérieurs des protagonistes. Significative est, à cet égard, la décision du chorégraphe de ne pas reprendre la partition de l’opéra de Tchaikovski. Plutôt que de s’abandonner à une composition obéissant à ses propres règles stylistiques, John Cranko a préféré commander à Kurt-Heinz Stolze une réorchestration de différentes partitions du compositeur qui épouse son propre découpage. Extraites des « Saisons », les subtiles pièces pour piano accompagnent les états d’âme successifs des solistes, tandis que le duo de l’ouverture de Roméo et Juliette, autre drame de la passion, ainsi que le poème symphonique Francesca da Rimini s’accordent aux grands deux pas de deux des premier et troisième actes. La « tonalité de musique de chambre », selon les mots mêmes de Stolze, donnée au ballet, est le subtil pendant des variations agitant l’âme des héros. En accord avec sa vision intimiste du drame, Cranko a donc créé un climat musical purement sentimental dont l’évolution n’a d’autres ressorts que ceux du cœur.    
Florian Magnenet (le prince Grémine) et Dorothée Gilbert (Tatiana) en répétition, Opéra national de Paris, 2018
Florian Magnenet (le prince Grémine) et Dorothée Gilbert (Tatiana) en répétition, Opéra national de Paris, 2018 © Julien Benhamou / OnP

À cette intrigue recentrée et cette partition complice, John Cranko ajoute enfin deux atouts essentiels qui sont en quelque sorte sa signature artistique : son sens aigu de la dramaturgie et une chorégraphie traversée en permanence d’un véritable flux émotionnel. Deux qualités dont sont empreints tous ses ballets et qui transforment une histoire d’amour manquée en archétype de la passion. Présente à chaque scène, Tatiana est un véritable personnage de théâtre, dont on suit la moindre pensée et le moindre sentiment. Loin du vocabulaire codifié du ballet classique, Cranko invente pour elle une gestuelle vibrante, notamment dans la scène de bal de l’Acte II. Lui qui est capable, dans ses pas de deux, de la plus grande complexité acrobatique, réussit à faire « parler » son héroïne même lorsqu’elle ne danse pas, d’un regard furtif ou d’un simple mouvement retenu de la main. Du grand art, plus impressionnant encore que ses envolées périlleuses. En donnant ainsi la mesure sensible du feu intérieur brûlant la jeune fille, Cranko démontre une nouvelle fois sa capacité presque empathique à traduire les états affectifs de ses personnages, en particulier féminins.

De fait, Tatiana, contrairement au titre du ballet et même au roman de Pouchkine, est bien la principale héroïne du drame. Depuis la toute première scène, où elle croise avec effroi le regard d’Onéguine dans son miroir, à la dernière, dramatique, qui marque leur séparation définitive, elle ne cesse de se consumer sous nos yeux, victime d’un amour doublement impossible - d’abord non payé de retour, puis adultère et coupable. Personnifiant jusqu’à la crucifixion cette impasse émotionnelle nommée passion, version tragique du célèbre : « Il n’y a pas d’amour heureux ».    

Podcast Onéguine

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"Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris" - en partenariat avec France Musique

07 min

Podcast Onéguine

Par Judith Chaine, France Musique

Avec « Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris », nous vous proposons des incursions originales dans la programmation de la saison à la faveur d’émissions produites par France Musique et l’Opéra national de Paris. Pour chacune des productions d’opéra et de ballet, Judith Chaine pour le lyrique et Stéphane Grant pour la danse, vous introduisent, avant votre passage dans nos théâtres, aux œuvres et aux artistes que vous allez découvrir.      

© Julien Benhamou / OnP

Le pas de deux du miroir d’Onéguine ou le rêve d’un amour impossible

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Episode #6

03 min

Le pas de deux du miroir d’Onéguine ou le rêve d’un amour impossible

Par Octave

Rêveuse en quête d’elle-même, la jeune Tatiana vient de rencontrer Onéguine dans le jardin de sa mère. Elle en tombe éperdument amoureuse. Jeune dandy pétersbourgeois, ce dernier ne se doute pas être au cœur des élans passionnés de l’adolescente. Alors que Tatiana s’endort à l’écriture d’une lettre enflammée, elle plonge dans un songe amoureux. Sur scène, les deux solistes s’élancent dans un pas de deux représentatif du ballet théâtral dont John Cranko reste le maître incontournable. En studio, Reid Anderson, répétiteur du Ballet de Stuttgart, explique en quoi la fluidité des mouvements et l’enchaînement des pas de cette variation sont les plus à même d’illustrer la technique Cranko. Les danseurs Dorothée Gilbert et Audric Bezard nous en offrent une parfaite démonstration.


Le pas de deux du miroir d’Onéguine
Le pas de deux du miroir d’Onéguine 18 images

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Onéguine by John Cranko (Isabelle Ciaravola & Evan McKie)

© Brodbeck & de Barbuat / OnP

La playlist d’Octave pour l’hiver

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À écouter

01 min

La playlist d’Octave pour l’hiver

Par Octave

Alors que le temps a revêtu son manteau de vent, de froidure et de pluie, Octave s’est fixé pour mission de réchauffer les cœurs. Il vous a concocté une playlist mêlant Rossini, Verdi et Tchaikovski.

© Julien Benhamou / OnP

Le mystère Onéguine ou Pouchkine chez Terpsichore

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Du roman en vers au ballet théâtral

07 min

Le mystère Onéguine ou Pouchkine chez Terpsichore

Par Tristan Bera

Dotant la langue russe de nouvelles qualités littéraires, Alexandre Pouchkine signe avec Eugène Onéguine un chef-d’œuvre de roman tragique. Plus d’un siècle après, le chorégraphe John Cranko, chantre du ballet narratif, s’empare des thématiques pouchkiniennes, donnant ainsi forme à sa vision d’un « ballet théâtral », capable de porter par le seul mouvement la densité passionnelle du récit. En revenant aux origines de l’histoire de ce roman en vers, Tristan Bera tisse le lien indéfectible qui réunit la littérature à la danse. 


Eugène Onéguine d’Alexandre Pouchkine est le chef-d’œuvre fondateur de la littérature russe moderne. « Encyclopédie de la vie russe », comme le critique Vissarion Belinski le définit à l’issue de sa parution en un volume unique en 1833, le roman de 5541 vers, écrit en tétramètres iambiques, est aussi un exercice de style virtuose et majeur qui sacre l’aura de poète national de son auteur. Aux yeux des exégètes, Pouchkine, avant Tolstoï et Dostoïevski, incarne le premier des Modernes et ce que la postérité nomme de manière vague et indéfinie « l’âme russe ». Né en 1799 à Moscou, il est par son père l’héritier d’une noblesse ancestrale et par sa mère l’arrière-petit-fils d’un esclave noir offert en tribut au premier empereur. Ce double héritage est peut-être au cœur des dynamiques de tensions en jeu dans l’écriture et la vie du poète. Dès sa prime jeunesse, il est entraîné dans les cercles littéraires de Saint-Pétersbourg, la ville d’apparat en rivalité avec la capitale patriarcale, et commence de s’opposer directement au pouvoir autocratique par voie de « poèmes mutins » et de libelles pamphlétaires. En 1823, ses provocations lui valent l’exil, non pas en Sibérie, mais en Bessarabie, où il commence à composer Eugène Onéguine : « En ce moment, je n’écris pas un roman, mais un roman en vers – différence diabolique ».

Pouchkine travaille sept ans durant sur l’ouvrage. L’histoire, en apparence simple, est celle d’un « fier gandin » de la jeunesse dorée, qui, à la suite d’un héritage, décide de s’installer à la campagne. Fasciné par Napoléon et Lord Byron, dont il possède portraits et écrits, Eugène est un esprit froid que rien n’exalte plus. Mais il fait la rencontre de Lenski, son contraire absolu, un poète romantique à l’âme sincère qui vient de terminer ses études en Allemagne. Celui-ci l’invite chez deux sœurs dont l’une est sa fiancée et l’autre Tatiana Larina. Tatiana, pour sa part, est une rêveuse plongée dans les contes du folklore russe et les romans sentimentaux français. Elle tombe éperdument amoureuse d’Eugène et lui envoie une lettre. Le dandy l’éconduit, à l’occasion d’une rencontre secrète, prétextant sa nature légère, et en retour flirte éhontément avec sa sœur. Cela donne dans les différentes adaptations du roman en ballet une scène de danse mémorable qui suscite bien naturellement l’ire de Lenski, lequel provoque Onéguine en duel. Le héros tue son camarade, puis s’exile. Après une ellipse de cinq ans d’errance à travers le pays, Eugène retrouve par hasard Tatiana, éblouissante, lors d’un bal donné par son mari à Saint-Pétersbourg et lui demande à son tour un entretien privé. Dans la scène finale du roman, Tatiana, répugnée par la vulgarité et l’immoralité d’un adultère, résiste à la déclaration d’amour, par trop tardive, d’Eugène, sans lui cacher pour autant la profondeur idéale de ses sentiments à son égard. Eugène « reste là, tétanisé », et l’auteur, pour conclure, s’adresse au lecteur, devenu ainsi un personnage de l’histoire, en proclamant « l’horizon du roman libre ».    
Alexandre Pouchkine. Manuscrit avec croquis de la main du poète. Maison Pouchkine, Académie des Sciences de Russie, Saint-Pétersbourg
Alexandre Pouchkine. Manuscrit avec croquis de la main du poète. Maison Pouchkine, Académie des Sciences de Russie, Saint-Pétersbourg © akg-images / Sputnik

En 1850, Ivan Tourgueniev publie Le Journal d’un homme de trop qui consacre la figure littéraire de « l’homme inutile » ou « superflu », un personnage-clef pour comprendre le roman russe sous le régime autocratique au XIXe siècle, dont le prototype est le héros éponyme d’Eugène Onéguine. Si Onéguine a des traits comparables, dans la littérature française du XIXe siècle, à René ou Adolphe, les héros de Chateaubriand et de Benjamin Constant, il est profondément lié aux caractéristiques inégalitaires de la société tsariste et au nihilisme radical, qui se développe à partir de 1825 à l’issue de l’insurrection des « décembristes ». Variante du héros romantique et dérivé du héros byronien, « l’homme inutile » est un oisif né riche et privilégié, qui méprise cyniquement les normes sociales et trompe un ennui de nature existentielle dans le jeu, l’alcool, les intrigues amoureuses et les duels. Détaché de la détresse et du sort d’autrui, indifférent à l’iniquité structurelle du pouvoir aristocratique, en dépit de sa position sociale, il est le produit fataliste de l’époque du règne de Nicolas 1er qui correspond à une profonde crise des valeurs.

Mais si le roman est connu de tous les russophones, qui en savent parfois même par cœur des passages entiers, il a surtout été rendu célèbre en Occident par les adaptations de Tchaïkovski à la fin du XIXe siècle et Prokofiev dans la première moitié du XXe siècle. Car les différentes traductions du russe n’ont jamais vraiment pu exporter la beauté de la langue poétique de Pouchkine. Les traducteurs, y compris Vladimir Nabokov, se sont littéralement cassé les dents en voulant transposer le récit en vers. La plupart des traductions apparaissant irrémédiablement plates, le lecteur français a ainsi du mal à imaginer l’éloquence et le souffle du langage de Pouchkine qui a tant inspiré ses contemporains et ses compatriotes. Pour les non russophones, et particulièrement les lecteurs francophones, un vrai mystère donc entoure le roman d’Eugène Onéguine que la barrière de la langue, ses nuances et son rythme, si difficiles à traduire, a contribué à maintenir et épaissir.

C’est finalement la transposition du roman sur la scène d’un opéra qui a le mieux exporté et le plus fidèlement traduit la poétique de Pouchkine, qui, par ailleurs, en son temps, loue « l’imagination vive et le charme prodigieux du ballet ». C’est en 1878, après une nuit sans sommeil comme le veut la légende, que Tchaïkovski aurait achevé l’adaptation du roman en un opéra-ballet en ne gardant de l’opus originel que trois actes, sélectionnant ainsi trois épisodes marquants dans la vie d’Onéguine. L’opéra épisodique, dont la structure est comparable à celle de La Bohème de Puccini également traitée par épisode, considéré à part dans la production de Tchaïkovski comme un ballet pour adultes (à la différence du Lac des cygnes, La Belle au bois dormant ou Casse-Noisette), est l’un des plus beaux exemples d’opéra lyrique, sans pompe et tout en nuances. Grâce à l’opéra-ballet, le roman trouve ainsi, à la croisée de la musique, des arts visuels, du théâtre, de la mode et des nouvelles représentations du corps, sa traduction formelle la plus complète et la plus immédiatement transmissible. En 1965, le chorégraphe sud-africain John Cranko s’essaye à son tour à la transposition en trois actes d’Onéguine sous la forme exclusive du ballet en adaptant la musique de Tchaïkovski grâce aux arrangements et à l’orchestration de Kurt-Heinz Stolze. La mise en scène, entrée au répertoire de l’Opéra de Paris en 2009, est un ballet d’une grande pureté dont l’intrigue recentrée sur le personnage de Tatiana introduit, pour paraphraser Théophile Gautier, le romantisme élégant et retenu de Pouchkine dans le domaine de Terpsichore. Cette relecture laisse songer qu’aucun autre langage que la danse ne saurait se substituer à la langue russe.    

  • Lumière sur : Les coulisses d'Onéguine
  • Onéguine (John Cranko) - Extrait (Isabelle Ciaravola & Hervé Moreau)
  • Onéguine - John Cranko

    — Par En partenariat avec France Musique

  • Onéguine - Piotr Ilyitch Tchaikovski - Acte 1

    — Par En partenariat avec France Musique

  • Onéguine - Piotr Ilyitch Tchaikovski - Acte 2

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Accès et services

Palais Garnier

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75009 Paris

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Métro Opéra (lignes 3, 7 et 8), Chaussée d’Antin (lignes 7 et 9), Madeleine (lignes 8 et 14), Auber (RER A)

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Au Palais Garnier, des places à 10 € en 6e catégorie (visibilité très réduite, deux places maximum par personne) sont en vente le jour de la représentation aux guichets du Palais Garnier.

Dans les deux théâtres, des places à tarifs réduits sont vendues aux guichets à partir de 30 minutes avant la représentation :

  • Places à 25 € pour les moins de 28 ans, demandeurs d’emploi (avec justificatif de moins de trois mois) et seniors de plus de 65 ans non imposables (avec justificatif de non-imposition de l’année en cours)
  • Places à 40 € pour les seniors de plus de 65 ans

Retrouvez les univers de l’opéra et du ballet dans les boutiques de l’Opéra national de Paris. Vous pourrez vous y procurer les programmes des spectacles, des livres, des enregistrements, mais aussi une large gamme de papeterie, vêtements et accessoires de mode, des bijoux et objets décoratifs, ainsi que le miel de l’Opéra.

Au Palais Garnier
  • Tous les jours, de 10h30 à 18h et jusqu’à la fin des représentations
  • Accessible depuis la place de l’Opéra ou les espaces publics du théâtre
  • Renseignements au 01 53 43 03 97

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Au Palais Garnier, des places à 10 € en 6e catégorie (visibilité très réduite, deux places maximum par personne) sont en vente le jour de la représentation aux guichets du Palais Garnier.

Dans les deux théâtres, des places à tarifs réduits sont vendues aux guichets à partir de 30 minutes avant la représentation :

  • Places à 25 € pour les moins de 28 ans, demandeurs d’emploi (avec justificatif de moins de trois mois) et seniors de plus de 65 ans non imposables (avec justificatif de non-imposition de l’année en cours)
  • Places à 40 € pour les seniors de plus de 65 ans

Retrouvez les univers de l’opéra et du ballet dans les boutiques de l’Opéra national de Paris. Vous pourrez vous y procurer les programmes des spectacles, des livres, des enregistrements, mais aussi une large gamme de papeterie, vêtements et accessoires de mode, des bijoux et objets décoratifs, ainsi que le miel de l’Opéra.

Au Palais Garnier
  • Tous les jours, de 10h30 à 18h et jusqu’à la fin des représentations
  • Accessible depuis la place de l’Opéra ou les espaces publics du théâtre
  • Renseignements au 01 53 43 03 97

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