Communiqué du 25 mai 2024
Hommage de l'Opéra de Paris à Hugues R. Gall, son directeur de 1995 à 2004
Nous apprenons avec beaucoup de tristesse la disparition de Hugues R. Gall, qui fut directeur de l’Opéra de Paris entre 1995 et 2004.
Rendre hommage à Hugues R. Gall, c'est célébrer un homme qui a consacré sa vie au rayonnement de l'opéra et du ballet. Adjoint de Rolf Liebermann, qu’il respectait infiniment, à la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux, directeur du Grand Théâtre de Genève pendant quinze ans, Hugues R. Gall laissera une empreinte indélébile dans le monde des arts.
Bien des années après l’ère Liebermann, l’Opéra de Paris a connu l’ère Gall. Ce fut une période fondatrice pour l’Établissement avec la reconstitution d’un répertoire, la mise en place d’une nouvelle gouvernance et d’un modèle économique qui prévalent encore aujourd’hui.
Son mandat est notamment marqué par la réussite du projet Opéra Bastille, associé au Palais Garnier dont il fait renaître la splendeur après travaux et où il réinstalle une partie du répertoire lyrique. À son crédit, 360 représentations et près de 900 000 spectateurs par an sur les deux scènes, 80 nouvelles productions lyriques.
L’ère Gall, ce furent ainsi les années d’un projet artistique ambitieux, avec une politique de commandes qui fit entrer quatre créations à l'Opéra Bastille : Salammbô (Philippe Fénelon), K (Philippe Manoury), Perelà, l’homme de fumée (Pascal Dusapin), L’Espace dernier (Matthias Pintscher). Il aimait et connaissait le ballet comme personne, et admirait profondément George Balanchine, Rudolf Noureev et Jiří Kylián, devenu un proche ami. Soixante nouvelles œuvres furent inscrites au répertoire du Ballet, parmi lesquelles Signes (Carolyn Carlson), Clavigo (Roland Petit), Casanova (Angelin Preljocaj), Nosferatu (Jean-Claude Gallotta), Wuthering Heights (Kader Belarbi).
Fidèle à ceux qui ont accompagné son parcours, il confia la scène à Jorge Lavelli, Jérôme Savary, Andrei Serban, Francesca Zambello, Robert Carsen, mais aussi à Lev Dodin, Herbert Wernicke, Willy Decker, Graham Vick, et Laurent Pelly. Il nourrissait la même fidélité avec les artistes lyriques, et particulièrement Renée Fleming, qui avait fait ses débuts en Europe au Grand Théâtre de Genêve, et qui chanta la comtesse de Capriccio pour son dernier spectacle au Palais Garnier en juin 2004.
L’ère Gall, ce fut enfin la direction de l’Opéra de Paris qu’il a assumée avec une grande détermination au sein d’une maison riche de ses diversités mais souvent turbulente et conflictuelle, ce qui l’affectait. Mais il poursuivit son projet, avec le public pour seule boussole en rappelant « le public est mon électorat ». Avec 95% de fréquentation et une moyenne d’âge du public passée de 56 à 44 ans au terme de son mandat, il se disait heureux de laisser une maison en meilleur état que celui où il l’avait trouvée.
Membre de l’Académie des Beaux-Arts, Hugues R. Gall avait reçu de nombreuses distinctions, notamment Commandeur de la légion d’Honneur et des Arts et Lettres, Grand officier de l’Ordre national du mérite, et « Bourgeois d’Honneur de la ville de Genève ».
Nombre de personnes qui l’ont côtoyé garderont le souvenir d’un homme libre et charismatique, à l’intelligence aigüe, aux propos justes et souvent implacables, et qui imposait naturellement le respect.
Dans une profession où il n’existe pas d’école, Hugues R. Gall laissera l’empreinte d’un très grand directeur d’opéra et une inspiration qui ne s’éteindra pas.