J’ai appris avec émotion et une très grande tristesse la disparition brutale de Sir Jeffrey Tate.

Au nom de l’Opéra national de Paris, je tiens à lui rendre hommage. C’est un compagnonnage de près de trente-cinq ans qui a lié ce grand artiste aux équipes de l’Opéra. Assistant de Pierre Boulez pour la Lulu donnée au Palais Garnier en 1979, Jeffrey Tate a débuté dans notre maison avec Ariane à Naxos quatre ans plus tard Salle Favart, avant de diriger Così fan tutte au Palais Garnier. Il a régulièrement alterné, entre Bastille (Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny, Wozzeck que nous venons de reprendre et Billy Budd) et le Palais Garnier, deux scènes qu’il connaissait très bien. Chacun se rappelle encore sa dernière production, The Rake’s Progress, il y a à peine plus de 4 ans.
A titre plus personnel, je garderai de Sir Jeffrey Tate le souvenir d’un grand artiste, au très large répertoire, dont sa discographie témoigne. Je me souviens avec émotion des moments que nous avons passés ensemble, au Théâtre du Châtelet, pour le Ring qu’il a donné avec Pierre Strosser. Assis ensemble au milieu du parterre, entre les répétitions, nous avions des échanges d’une grande richesse, sur les détails de la partition comme sur les grands axes de la dramaturgie. L’année suivante, le Peter Grimes avec Adolf Dresen fut aussi un moment fort de notre relation personnelle.

Aujourd’hui, je lui suis profondément reconnaissant pour tout ce qu’il a donné à l’Opéra de Paris et à son public, ainsi que pour tout ce qu’il a apporté au monde lyrique.