Communiqué du 19 mai 2020
Disparition de Gabriel Bacquier
Gabriel Bacquier, celui que l’on surnommait le « Raimu » de l’opéra, nous a quittés le 13 mai 2020, quelques jours avant son 96e anniversaire. L’un des derniers « monstres sacrés » du monde lyrique, il a été l’un des rares chanteurs français de sa génération à mener de front une carrière dans son pays natal et à l’international.
Sorti du Conservatoire de Paris en 1950 avec un premier prix de chant et un deuxième prix d’opéra et d’opéra-comique, Gabriel Bacquier se forme dans les troupes de l’Opéra de Nice et de La Monnaie de Bruxelles, après un passage au cabaret à Montmartre. Il rejoint en 1956 la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux, qui regroupe l’Opéra-Comique et l’Opéra de Paris, et débute à l’Opéra dans le rôle-titre de Rigoletto en remplaçant au pied levé un chanteur malade avant de faire ses débuts officiels en 1958 dans La Traviata (Germont). Sa carrière prend un essor international lorsque Gabriel Dussurget l’invite en 1960 au Festival d’Aix-en-Provence pour le rôle-titre de Don Giovanni, spectacle retransmis en Eurovision devant plusieurs milliers de spectateurs européens. La même année, il est Scarpia aux côtés de la Tosca de Renata Tebaldi à l’Opéra de Paris. Gabriel Bacquier fut l’un des plus grands chanteurs français de l’après-guerre et aussi l’un des rares à mener à cette époque une carrière internationale qui le conduira au Metropolitan Opera de New York (dont il sera un invité régulier pendant 18 ans), au Royal Opera House de Londres, à la Scala de Milan, au Staatsoper de Vienne…
Ses qualités de comédien alliées à son talent de chanteur et à un remarquable sens de la prosodie lui ont permis d’aborder un vaste répertoire, tant dramatique que comique. L’Opéra de Paris fut l’une de ses scènes de prédilection. Il interpréta notamment le Comte Almaviva dans la légendaire production des Noces de Figaro de Giorgio Strehler qui inaugura en 1973 le mandat de Rolf Liebermann, d’abord à l’Opéra Royal de Versailles puis au Palais Garnier.
L’Opéra de Paris lui offrira ensuite des rôles aussi variés que Jago d’Otello, Don Alfonso de Così fan tutte, Fra Melitone de La Force du destin, Leporello de Don Giovanni, Golaud de Pelléas et Mélisande, Bartolo du Barbier de Séville, Sancho de Don Quichotte, Dulcamara de L’Elixir d’amour (aux côtés de Luciano Pavarotti) ou encore Gianni Schicchi, qui marqua sa dernière apparition sur la scène nationale parisienne en 1987. Gabriel Bacquier avait mis un terme à sa carrière en juin 1994 après une représentation de Don Pasquale, dans la salle qui a vu ses débuts parisiens, l'Opéra Comique.