2025 marque le centenaire de la naissance de Pierre Boulez. L’Opéra national de Paris tient à célébrer ce grand compositeur, chef d’orchestre, créateur d’institutions et pédagogue, et notamment les liens qu’il a noués avec notre Maison.

Né le 26 mars 1925 à Montbrison, Pierre Boulez étudie le piano à Lyon puis est admis en 1944 au Conservatoire de Paris dans la classe d’harmonie préparatoire de Georges Dandelot. L’année suivante, il entre dans la classe d’harmonie d’Olivier Messiaen où il approfondit les langages de Debussy, Stravinsky, Ravel, Bartók. Parallèlement, dans le cadre de cours privés, René Leibowitz lui fait découvrir les musiciens de l’École de Vienne, Schönberg, Berg et Webern.

L’œuvre de Pierre Boulez se situera à la confluence de ces diverses esthétiques, auxquelles il adjoint son goût pour les musiques non européennes que l’on retrouve dans les instruments qu’il choisit d’utiliser dans ses œuvres. Parmi ses partitions marquantes figurent Le Marteau sans maître, Pli selon pli, Répons, sur Incises ou encore Dérive 2.

Plusieurs partitions de Boulez inspireront des chorégraphes tels que Maurice Béjart ou encore Wayne McGregor qui choisit Anthèmes II pour violon et électronique lors de la création de son ballet Alea Sands à l’Opéra national de Paris en 2015.

En parallèle à son activité de compositeur, Pierre Boulez mène une carrière de chef d’orchestre qui le fait connaître dans le monde entier. Nommé directeur de la musique de scène de la Compagnie Renaud-Barrault en 1946, il fonde en 1953 les Concerts du Petit Marigny, qui prendront l’année suivante le nom de Domaine Musical, dont il assurera la direction jusqu’en 1967. En 1966, il dirige Parsifal à Bayreuth, puis Tristan et Isolde au Japon.

En 1969, il dirige pour la première fois l’Orchestre philharmonique de New York, dont il prendra la direction de 1971 à 1977, succédant à Leonard Bernstein. Parallèlement, il est nommé chef permanent du BBC Symphony Orchestra à Londres, fonction qu’il assume de 1971 à 1975. En 1976, il est invité à Bayreuth pour diriger la Tétralogie de Wagner, dans une mise en scène de Patrice Chéreau, pour la célébration du centenaire du Ring.

Soucieux de défendre les compositeurs de son temps, Pierre Boulez a créé les institutions capables d’apporter des solutions durables aux problèmes majeurs que la musique contemporaine doit résoudre : celui de sa diffusion, d’abord, et de l’indispensable évolution de ses rapports avec le public ; celui, ensuite, des moyens technologiques nécessaires à l’invention musicale. Il fonde ainsi l’lnstitut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam), préside l’Ensemble intercontemporain (EIC) et soutient le projet de la Philharmonie de Paris, qui est inaugurée en 2015 un an avant la mort du compositeur le 6 janvier 2016.

Professeur au Collège de France où il enseigne de 1977 à 1995, Pierre Boulez est l’auteur de nombreux écrits sur la musique : Penser la musique aujourd’hui, Relevés d’apprenti, Points de repères, Le Pays fertile – Paul Klee, Leçons de musique. Au cours de sa carrière, il mène de nombreuses masterclasses de direction d’orchestre, notamment dans le cadre de l’Académie du festival de Lucerne dont il fut le fondateur et directeur artistique.

En 1963, Pierre Boulez dirige au Palais Garnier la première française de Wozzeck d’Alban Berg qui entre ainsi au répertoire de l’Opéra dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault et des décors d’André Masson. À l’occasion d’un spectacle de Maurice Béjart en 1965, il dirige l’Orchestre du Théâtre national de l’Opéra dans Le Sacre du printemps, Renard et Noces (Stravinsky). En 1967, le ministère des Affaires culturelles confie à Jean Vilar l’élaboration d’un projet de réforme des théâtres nationaux, dont l'Opéra de Paris, projet auquel sont associés Maurice Béjart et Pierre Boulez, mais le projet n’aboutit pas.

En 1977, Boulez dirige l’orchestre de l’Opéra dans Die Soldaten de Bernd Alois Zimmermann et Le Château de Barbe-Bleue de Béla Bartók. L’année suivante, il dirige un concert pour célébrer le 70^e anniversaire d’Olivier Messiaen. En 1979, il dirige l’opéra Lulu d’Alban Berg, dans la version complétée par Friedrich Cerha, dont c’est la première mondiale. En 1981, Pierre Boulez dirige un concert consacré à Gustav Mahler avec Yvonne Minton et Jon Vickers. Suivront un concert Stravinsky/Debussy/ Dvořák et un gala organisé pour le centenaire de l’Institut Pasteur en 1987. En 2005, Boulez dirige l’Orchestre du Théâtre Mariinski au Palais Garnier dans La Mer de Debussy lors d’une soirée de gala. En 2008, Boulez dirige un concert Mahler/Berg/Schönberg, et en 2010 un concert d’œuvres de Messiaen.

Pour le disque, Pierre Boulez a enregistré Lulu (Deutsche Grammophon) et Wozzeck (Sony) avec les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris.