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Vincent Pontet/OnP

Opéra

Nouveau

Carmen

Georges Bizet

Opéra Bastille

du 10 mars au 16 juillet 2017

3h00 avec 1 entracte

Synopsis

«Et prenant la fleur de cassie qu’elle avait à la bouche, elle me la lança, d’un mouvement du pouce, juste entre les deux yeux.»

Prosper Mérimée, Carmen


Dès les premières phrases prononcées par Carmen, qui marquent l’une des plus grandes entrées de l’histoire de l’opéra, tout est dit : « L ’amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser. » Dans un sulfureux déhanchement aux accents andalous, la belle cigarière jette son dévolu sur un soldat : Don José. Le destin fera le reste. Immédiatement considéré comme un chef-d’oeuvre dans toute l’Europe, Carmen mettra longtemps à s’imposer à Paris où sa création en 1875 connaît un accueil contrasté. Composé sur un livret de Meilhac et Halévy qui prend ses racines chez Prosper Mérimée, l’opéra abolit la frontière entre tragique et comique avec une modernité qui, à l’époque, fait scandale. Peut-on tuer l’être aimé par amour ? La beauté rougeoyante de la musique de Bizet où s’enchaînent les airs inoubliables en fera pourtant, d’année en année, l’ouvrage lyrique le plus joué au monde.

Durée : 3h00 avec 1 entracte

Langue : Français

Artistes

Opéra en quatre actes (1875)

D'après Prosper Mérimée

Équipe artistique

Distribution

Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris

Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris

Surtitrage en français et en anglais

Galerie médias

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Entretien avec Roberto Alagna et Clémentine Margaine

4:29 min

Leur Carmen

Par Marion Mirande, Simon Hatab

Dans la sulfureuse production de Calixto Bieito actuellement à l’Opéra Bastille, Clémentine Margaine et Roberto Alagna cisèlent chaque soir davantage les personnages de Carmen et Don José. Des rôles qu’ils connaissent sur le bout des doigts mais par lesquels ils avouent se laisser encore surprendre. Rencontrés avant l’une des représentations, ils livrent leurs regards croisés sur les amants de Bizet.     

© Vincent Pontet / OnP

En vain pour éviter les réponses amères

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Les cartes sont sincères ... Et ne mentiront pas.

11 min

En vain pour éviter les réponses amères

Par Célia Houdart

Tour à tour fatale, vénéneuse, séductrice, Carmen, la cigarière de Séville aux multiples visages, a inspiré de nombreux artistes. L’écrivain Célia Houdart, s’intéresse à la diseuse de bonne aventure dans une courte fiction aux accents bohémiens.    


C'était au Saint Georges, un café près de la gare de Palaiseau. J'allais partir. Je faisais glisser sur le comptoir deux pièces de monnaie devant moi. Les doigts de ma main s'écartaient légèrement en V à mesure qu'ils déplaçaient les pièces, petits palets de hockey sur le zinc. Le patron rinçait des verres et des soucoupes. La télévision retransmettait un match de football. Un jeune homme est entré. La vingtaine, grand, mince, pommettes hautes, yeux noirs en amande, un regard de feu. Il a demandé s'il pouvait avoir un sandwich. Le patron s'essuyait les mains à un torchon. Mixte ? - Mixte. Le jeune homme portait une veste de survêtement zippée en polyester bleu électrique, un bandana vert noué autour du cou et il flottait dans un jean trop grand, qui tombait en accordéon sur ses chaussures à bout pointu tachées de boue. Le patron, occupé, n'avait toujours pas pris ma monnaie. Des bouteilles d'apéritifs et de digestifs, présentées le goulot vers le bas, formaient au-dessus de lui une frise aux couleurs sombres. J'observais le jeune homme, son allure particulière. Il avait la tête orientée vers le téléviseur où l'on voyait, filmé sous plusieurs angles de vue, un joueur à qui l'on venait de faire une passe en or dans la surface de réparation. À un moment, le jeune homme, s'apercevant sans doute que je le regardais, s'est tourné vers moi : Vous voulez ma photo ? Il recula son visage, marqua un arrêt. Soudain, exactement comme il aurait dégainé une arme, il me tendit sa paume sur laquelle il pointa l'index de l'autre main, et dit : De toute façon, mon portrait, il est là. Je ne comprenais pas et je devais avoir l'air un peu effaré. Il ajouta : Tu ne sais pas lire ça, toi. Hein ? Pardon, lui ai-je répondu, mais de quoi parlez-vous ? Lui énervé : Ne fais pas l'idiot. Tu sais très bien. J'insistai : Quoi ? L'homme avait encore la main ouverte, la pression de son index avait laissé une petite marque blanche au milieu de sa paume. Le mixte ! Le jeune homme changea d'axe pour saisir le sandwich que lui tendait le patron. Puis me fixant à nouveau de ses yeux noirs intenses, le jeune homme poursuivit : C'est ma grand-mère qui lit dans la main. Pas moi. Un temps. J'avale ça et après, si voulez, je vous emmène. Elle habite à cinq minutes d'ici.

Moi mi-effrayé mi-hypnotisé : Ah ? ... Je ne sais pas. Et là, j'ignore pourquoi, et alors que tout me portait à refuser, j'ai dit : Oui. Pourquoi pas.

Dix minutes plus tard, nous étions, le jeune homme et moi, en bas de la rue qui mène à la gare, à un rond-point. Il faisait froid et gris uniforme. De l'autre côté de l'avenue, on apercevait un collège avec son portail vert foncé. Le jeune homme était très silencieux. Je me demandais si, sous son calme, mon guide étrange n'ourdissait pas quelque chose. C'est par là, dit-il en désignant du menton un point vague au loin du côté droit. Trois collégiens arrivant en sens inverse nous frôlèrent. Ils progressaient sans regarder devant eux, comme dotés d'un radar intérieur leur permettant d'éviter les obstacles tout en commentant tranquillement ce qu'ils voyaient sur la petite fenêtre de leur téléphone. L'avenue était bordée de villas en pierre meulière ou aux murs crépis, avec jardin et chemin de dalles gravillonnées, derrière des grillages ou des haies de lauriers. Odeur d'humus et de feuilles mortes.

Vous êtes allé à l'école ? demandai-je, espérant établir un semblant de complicité avec le jeune homme et m'efforçant surtout de dissimuler mon inquiétude. Oui. À Marseille, Orléans, Nanterre. Puis à Brétigny où j'ai passé mon CAP de maintenance de véhicules automobiles. Moi, du tac au tac : Alors vous savez démonter et remonter un moteur de BMW. Le jeune homme me répondit d'un ton rageur : Et voler les poules ! C'est ça que vous vous voulez dire ? Pfff ! Gadjo va !

Je n'ai pas su quoi dire. J'avais honte. Vraiment je n'en menais pas large. Je me raccrochai à ce que je voyais autour de moi, et dont la relative banalité me rassurait, plutôt m'inscrivait dans la simple réalité d'où j'étais : à ma gauche une petite rue descendante-montante, un chat qui avançait dans l'herbe humide, une station essence désaffectée dont le sol avait été grossièrement bétonné à l'endroit des anciennes pompes. Sur le trottoir, je remarquai une tige de fleurs, tombée d'un bouquet ou jetée. Une grappe jaune acide, duveteuse. Je reconnus des fleurs de cassie un peu abîmées, avec leurs feuilles en petits ailerons palpitants. Le jeune homme resta muet jusqu'à ce qu'on atteigne une zone qui formait une vaste trouée de ce côté-ci de l'avenue. Le sol était terreux, détrempé avec par endroits des copeaux de bois.

Bienvenue à Fourcherolles ! me dit en souriant le jeune homme. Un panneau indiquait un parking. De fait, devant nous étaient garées une dizaine de caravanes. Blanches. Grandes, toutes de modèle assez récent, avec vitres teintées et auvent. Au pied d'un talus, du linge séchait sur des cordes. Des jouets d'enfants et un vélo VTT gisaient par terre. Des bassines renversées formaient des plots colorés autour desquels un long tuyau faisait des lacets. Un groupe d'enfants traversa comme une nuée d'étourneaux le terrain pour rejoindre une adolescente qui arrivait en mobylette. La jeune fille retira son casque intégral, bascula la tête en arrière, laissant retomber sa longue chevelure de jais. Elle sortit de son blouson des paquets de biscuits et de bonbons sur lesquels les enfants se précipitèrent avec une bruyante allégresse.

Le ciel s'était progressivement éclairci. Pâles rayons de soleil. Vol tournant d'éperviers au-dessus de nous, se croisant. En contrebas, on devinait une petite forêt. Au milieu du bois, coule l'Yvette, dit le jeune homme. Une petite fille brune bouclée passa tout près de nous en courant. Il l'attrapa par la manche : Elle est là, Lilo ? La petite fille tira sur la section de maille que le jeune homme tenait encore. Regarde, tu as abîmé mon pull. Lui : Elle est là alors, Lilo, dis ? La petite fille montrait sa manche, adoptant un masque tragique : Il est tout déformé. Elle repoussa le garçon vivement. Oh ! Il haussa le ton, insista : Elle est où ? Tu sais ? La petite fille à la fois fière et dépitée désigna de la tête une caravane : Là, chez sa sœur. Puis elle s'enfuit du côté du talus.
Le jeune homme s'approcha de la caravane et toqua. Rien. Il toqua à nouveau. Toujours rien. Il ouvrit la porte, passa la tête et le haut du buste. Elle dort, dit-il doucement. Il faut la laisser ... Non je ne dors pas ! lança soudain une voix rauque. Je ne dors pas ... je rêve. Le jeune homme sourit. Lilo, serais-tu d'accord de recevoir quelqu'un pour une consultation ? C'est ce monsieur. Il me lança un clin d'œil et me fit le signe d'approcher. Je me suis approché doucement. Il a l'air un peu perdu, mais il n'est pas méchant. Elle, surprise : Tout de suite ? Lui : Oui maintenant. D'accord, dit-elle, mais pas ici. Il faut que je sois dans ma caravane. La vieille femme se leva puis se déplaça lentement, tout en ajustant son châle sur ses épaules, un grand châle brodé à franges, noir et rouge cerise. Le jeune homme aida la vieille femme à descendre puis à se hisser dans l'autre caravane. Sa main noueuse agrippa le cadre de la porte : Quelqu'un a chipé le marchepied. Ces gosses ! ...

Je suis entré après elle. Cette fois la présence du jeune homme me rassurait un peu. J'ai découvert un salon décoré, avec une banquette, un fauteuil tendu de tissu fleuri et une cheminée à gaz. Dans un renfoncement, derrière un petit bar, se trouvait un coin cuisine tout équipé. Il fait trop chaud, vous ne trouvez-pas ? dit-elle en retirant son châle. Tu peux nous laisser, Teddy. Lui, presque goguenard : Je m'en vais ! Bonne aventure !! Vous retrouverez tout seul le chemin pour rentrer, non ? - Oui, merci. La vieille femme fit coulisser une table avec pied escamotable, et elle déplia une pièce de velours pourpre brodé de paillettes. Il faut faire les choses ... correctement ... Elle souffla ... Vous n'avez pas trop chaud, vous ? Elle fouilla dans un tiroir, en sortit un grand éventail. Il me sauve toujours ! Elle sourit. Brefs battements d'éventail. Elle avait des yeux bruns et vifs, en grains de café et un visage très mobile. J'avais l'impression d'avoir été classé du premier coup d'œil. Elle referma d'un coup sec son éventail. Montrez-moi votre main ... Vous êtes droitier ? ... Oui ? ... Alors la gauche. Elle ouvrit ma main comme on déplie une carte. Elle se concentra. Un temps. Étrange ... Je ne comprends rien à ces lignes ... C'est confus, confus, confus... Je fixais ses mains et son poignet entouré d'un bracelet en cuivre ... Attendez ... Elle se pencha, ce qui fit osciller son collier composé de perles et d'escarboucles noires ... le Mont de Saturne ... large, large ... cette ligne de vie a trop de rameaux ... Ah ? ... non ... Décidément, ça bouge tout le temps ... Voyez ces deux lignes, elles se confondent à cet endroit ... J'ai rarement vu ça ... Une fois seulement ... Elle vit que je me décomposais ... Cela ne veut rien dire, vous savez ... Transition, fin ou début d'une période forte ... particulièrement en amour ... Étrange ... C'est d'un flou ... Je préfère les cartes dans ces cas-là ... Les cartes sont sincères ... Et ne mentiront pas ... Vous avez le temps ? ... Je vous offre un thé ?

Je pensais à ma grand-mère qui faisait des patiences sur une petite table qu'elle couvrait d'un tissu de feutrine verte. Du dehors parvenaient des rires et des éclats de voix. Je me méfie des petits espions, dit-elle. Elle tira les rideaux. On sera plus tranquilles. Puis elle alluma une bougie. Mes filles m'interdisent, mais c'est tellement agréable.
Je remarquai sur le buffet une photographie sous verre. Ils sont beaux, n'est-ce pas ? Moi : Oui. - Ce sont mes parents. On voyait une femme au visage grave, hâlé par le soleil, cheveux coiffés en chignon tenu par un grand peigne. L'homme à côté d'elle avait une frange sur le front et un menton légèrement en galoche. Tous deux vêtus de noir. Maigres, sans âge, le regard habité par une même force. Mon père était un saisonnier. Je suis née au camp de Rivesaltes.
D'une petite boîte de fer-blanc, elle sortit un jeu de cartes. Elle m'en montra quelques-unes pour satisfaire ma curiosité. Elle les manipulait avec une certaine piété. Les figures n'étaient pas celles du tarot que je connaissais. Il s'agissait de gravures sur fond uni : une tour de château en flammes, une roue, un serpent, un violoncelle entouré de couteaux à grandes et petites lames ... Elle coupa le jeu. À toi. Je peux te tutoyer ? ... Coupe aussi ... Prends une carte. Elle recoupa. Cela a duré un certain temps. Trois cartes ici ... Quatre là ! J'ai tiré successivement le serpent, l’étoile, la colombe. À mesure que la vieille femme m'expliquait le sens des cartes, l'expression de son visage changeait, se détendait, s'éclairait ou laissait voir le doute. Moi aussi j'étais inquiet. Elle tâcha une fois encore de m'apaiser : Aucun d'entre nous ne peut sereinement se retrouver face à soi-même. Son collier luisait dans la pénombre. Les flammes de la cheminée et de la bougie accentuaient l'atmosphère d'irréalité de cette scène.
En sortant, j'aperçus la jeune fille sur sa mobylette entourée de trois garçons. Ils fumaient et riaient. Aussitôt qu'ils me virent, ils ne bougèrent plus. Une connivence silencieuse lia le petit groupe.
Le soir en rentrant, j'avais 40 de fièvre.


Célia Houdart

© Bernd Uhlig

Schönberg, Verdi, Wagner, Berlioz : l’engagement des cycles

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Regard sur la saison 15/16

05 min

Schönberg, Verdi, Wagner, Berlioz : l’engagement des cycles

Par Octave

À l’occasion de la pause estivale, nous vous proposons un regard rétrospectif sur la première saison de Stéphane Lissner à l’Opéra national de Paris. Le rythme de la saison 15/16 a été marqué par des rendez-vous réguliers avec des compositeurs dont l’œuvre, incontournable ou énigmatique, appelle à l’invention et à la découverte. Entre reprises de productions phares et créations, ces divers compagnonnages ont donné le ton d’une saison lyrique éclectique, révélant l’inépuisable qualité de l’Orchestre et des Chœurs.


« Oser ! »

En effet, il fallait de l’audace pour inaugurer la saison 15/16 avec un concert symphonique d’Arnold Schönberg, de surcroît en terrain inconnu. L’Orchestre de l’Opéra national de Paris a investi la Philharmonie de Paris pour la première fois avec les Variations pour orchestre, op.31, pièce majeure de la modernité musicale, inaugurant un cycle dédié au compositeur autrichien. Philippe Jordan a ainsi porté le défi de faire connaître au public l’œuvre de Schönberg dans toute sa diversité à travers une série de concerts et récitals qui s’est poursuivie avec le Pierrot Lunaire et le Quatuor à cordes, op.10 – reflet de son basculement du romantisme tardif à l’atonalité puis les Gürre Lieder. L’apothéose de cet engagement fut sans doute la mobilisation de toutes les forces vives de l’Opéra au service de Moses und Aron, opéra philosophique inachevé de Schönberg, réputé aride à la mise en scène. « Il y a quelque chose de fondamentalement théâtral et humain dans l’œuvre qu’il faut reconnaître », affirmait Philippe Jordan dans un entretien. La tâche fut confiée au plus plasticien des metteurs en scène actuels, Romeo Castellucci. Le résultat fut une saisissante traversée de signes contraires, de traînées de paroles qui souillent et d’images obsédantes, réussissant le pari de faire de Schönberg notre contemporain. Pour compléter ce cycle, le romantisme du compositeur a trouvé une incarnation fiévreuse avec les danseurs du Ballet de l’Opéra et La Nuit transfigurée chorégraphiée par Anne Teresa de Keersmaeker. La chorégraphe renouvellera sa collaboration avec l’Opéra de Paris la saison prochaine et signera la mise en scène de Così fan tutte, qui viendra inaugurer une trilogie Da Ponte.    
"La Nuit transfigurée" d'Anne Teresa De Keersmaeker © Agathe Poupeney

« Vibrer ! »

À l’instar de Moses und Aron, la saison 15/16 a été marquée par le retour en grâce d’ouvrages rarement – voire jamais – donnés sur les scènes de l’Opéra de Paris. Des spectacles à la valeur quasi événementielle ont pu faire vibrer le public comme ce fut le cas en mars avec Die Meistersinger von Nürnberg de Richard Wagner qui n’avait pas été donné depuis un quart de siècle. Philippe Jordan a retrouvé le metteur en scène Stefan Herheim pour offrir au public de l’Opéra Bastille cinq heures de jubilation musicale et scénique. À travers le personnage de Hans Sachs, Wagner médite sur le statut de l’artiste, et signe un autoportrait sur le mode de la comédie. Le cycle wagnérien se poursuivra lors de la saison 16/17 avec un concert d’extraits de La Tétralogie et Lohengrin mis en scène par Claus Guth, avec Jonas Kaufmann dans le rôle-titre. Fidèle à l’Opéra de Paris, le ténor allemand a prêté sa voix à La Damnation de Faust d’Hector Berlioz, qui venait inaugurer le cycle dédié au compositeur. Cette « légende dramatique » à la forme complexe est manifeste d’un compositeur visionnaire et le public pourra découvrir au cours de la saison prochaine la richesse musicale de son œuvre avec Béatrice et Bénédict en version concert.    
Sophie Koch, Jonas Kaufmann
Sophie Koch, Jonas Kaufmann © Élena Bauer / OnP

« Désirer ! »

Les cycles permettent de se laisser surprendre par la diversité des univers pouvant germer de l’œuvre d’un même compositeur. Le cycle dédié à Giuseppe Verdi a témoigné avec éclat de la fécondité du répertoire. Cette saison, deux metteurs en scène à la renommée internationale ont fait leurs débuts à l’Opéra de Paris en s’emparant d’opéras verdiens. L’Espagnol Alex Ollé, de la Fura dels Baus, s’est intéressé dans Le Trouvère à l’exacerbation des tensions sociales en temps de conflit, avec une scénographie inspirée de la Première Guerre mondiale. L’Allemand Claus Guth quant à lui a créé un cabaret mélancolique dans une boîte en carton avec pour matière les fantasmes et les regrets de Rigoletto. La trilogie populaire s’est vue complétée par la reprise de La Traviata dans la mise en scène de Benoît Jacquot ; le réalisateur rendant hommage à cette héroïne sulfureuse du XIXe siècle avec l’élégance qu’on lui connaît. Le cycle verdien laisse avant tout place belle au plaisir du chant. On a pu voir ainsi les plus grandes voix évoluer sur les scènes de l’Opéra de Paris: Anna Netrebko, Marcelo Àlvarez, Sonya Yoncheva, Bryan Hymel… En clôture de saison, comme une cerise sur le gâteau, Aida a compté parmi les plateaux vocaux les plus éclatants de la saison : avec Sondra Radvanovsky dans le rôle-titre aux côtés d’Alexandrs Antonenko et de la révélation Anita Rachvelishvili. La mezzo-soprano géorgienne sera de retour la saison prochaine dans Samson et Dalila et Carmen, le rôle qui l’a propulsée sur le devant de la scène internationale; si bien que l’on aimerait presque que la rentrée soit demain !
Anita Rachvelishvili
Anita Rachvelishvili © Salvatore Sportato

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