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Elisabeth : Vous interprétez le Prince Albrecht dans le ballet Giselle. En quoi votre Albrecht de 2016 sera-t-il différent de l’Albrecht de vos débuts ? Quelle est la Giselle qui vous a le plus inspiré ?
Mathieu Ganio : Difficile ! Je crois que j’ai dansé Albrecht pour la première fois il y a une dizaine d’années. Quand bien même je ne voudrais rien changer, j’ai évolué physiquement, psychologiquement, j’ai un peu gagné en maturité. On ajoute, on va plus loin. A chaque fois qu’on retravaille le rôle, on découvre des choses nouvelles, on modifie certains pas. Oui, forcément, c’est un peu différent.
Shaleen : Quel est le meilleur Albrecht/la meilleure Giselle que vous avez vu(e) danser?
Mathieu Ganio : Bonne question ! Un Albrecht mythique, c’est Barychnikov. Je l’évoque parce que j’ai eu l’occasion de revoir récemment ce qu’il avait fait : nous nous sommes remémoré certaines images, avec ma coach. Alors oui, je dirais Barychnikov. C’est lui qui m’a le plus marqué. C’est toujours difficile de répondre lorsqu’on me demande si j’ai un modèle, parce que j’aime piocher chez les uns et les autres.
Et Giselle ? Très difficile. J’ai de très beaux souvenirs d’Elisabeth Maurin, la première Giselle que j’ai vue. Laëtitia Pujol n’a malheureusement pas pu danser parce qu’elle est blessée, mais on a fait pas mal de répétitions et son interprétation de la folie reste dans ma tête. Interpréter la scène de la folie doit être marquant dans la carrière d’une danseuse. Il y a beaucoup à raconter, beaucoup à donner, on peut y mettre beaucoup de soi… Je pense que c’est un moment majeur dans le ballet et la vie d’une danseuse. C’est long de se l’approprier. C’est vraiment l’une des difficultés du ballet.
Sacha Blisetski : Quelle serait l'histoire que vous raconteriez de Giselle à une personne qui n'a encore jamais vu de ballet ?
Mathieu Ganio : C'est l'histoire d'un prince, Albrecht, qui flirte avec une jeune paysanne, Giselle. Il tombe plus ou moins amoureux d'elle. Elle, c'est évident. Hilarion, un paysan du village, est amoureux de Giselle, et découvre qu'Albrecht est un prince. Il dénonce la supercherie devant les paysans et la cour du prince. Dans cette cour, il y a Bathilde, sa fiancée. Giselle étant souffrante du coeur (sa mère lui dit de ne pas danser), ça la rend folle et elle meurt de chagrin. Point ! (rires)
Deuxième acte ! Albrecht vient se repentir, pleurer sur la tombe de Giselle, de même qu'Hilarion. Sauf que dans le bois, la nuit, sortent les Wilis, qui sont des jeunes filles mortes d'amour et qui attaquent les hommes pour se venger. Hilarion va être attaqué et tué. Quant à Albrecht, Giselle va le protéger. La Reine des Wilis, Myrtha, va l'obliger à danser toute la nuit. Grâce à Giselle, il va tenir jusqu'au petit matin. Aux premiers rayons du soleil, il doit dire au revoir à Giselle et retourner à la vie. On peut y projeter de nombreuses interprétations...
© Svetlana Loboff / OnP
Sacha Blisetski : Et si (je dis bien "si"), il y avait une chose à changer ou améliorer dans le ballet Giselle (rôle des personnages, chorégraphie, scénographie,...) quelles seraient vos envies, vos propositions ?
Mathieu Ganio : Je ne changerais rien. Si ce ballet a traversé les âges, c'est qu'il n'y a rien à changer, ou alors, faire comme Mats Ek, quelque chose de totalement différent. Notre challenge, c'est de le rendre moderne, mais dans la façon de faire, la façon d'aller toucher le public, d'exprimer les sentiments. Sinon, c'est une autre Giselle, et je ne suis pas chorégraphe.
Masumi : A la fin de l'acte 2, Albrecht reste seul sur la scène.
En ce moment, est-ce qu'il sent le vide causé par la disparition d'un être cher, de Giselle ?
Lucie : J'ose une question moins formelle et plus subjective ! Il a trahi Giselle et elle le sauve de la mort à la fin du ballet. A sa place, l'auriez-vous fait ? Merci pour vos réponses et à très vite sur la scène de Garnier.
Mathieu Ganio : En fait, toute la question est là. C'est vrai qu'il y a un parti-pris, à savoir : “Est-ce qu'Albrecht, dès le début, est fou de Giselle ? Pense-t-il vraiment ce qu'il lui dit, alors que sa condition sociale l’oblige à se marier avec une fiancée de son rang ? Ou est-ce que c'est une petite amourette comme il a pu en avoir d'autres et, petit à petit , l'amour grandit et il se rend compte de la perte ?” J'aurais plusieurs réponses... Je pense que les femmes ont plus de mansuétude que les hommes. Personnellement, je pense que je ne pardonnerais pas. Le pardon, c'est beau : ça permet à deux êtres de se séparer sereins, de se dire un dernier adieu. Sans amertume ni rancœur. Je ne pardonnerais pas mais j’y réfléchirais… (rires)
Sandrine Auffray : Quelles émotions ressent un danseur lors de la première de Giselle ?
Mathieu Ganio : Il y a toujours du trac, comme dans tous les ballets. Pour l'homme, le soliste, le premier acte est plus dans le jeu dramatique que dans la danse pure. Cela permet de rentrer en douceur dans le ballet. Il y a quelque chose qui s'installe, une rencontre. C'est très agréable de commencer le ballet de cette façon. Même s'il y a beaucoup de stress, on est excité de raconter une histoire.
Caroline : Vous jouez avec beaucoup d'intensité sur scène, dans Giselle on vous voit les larmes aux yeux durant la scène finale... Comment vivez-vous cette part de théâtre dans vos rôles ?
Mathieu Ganio : Ce que j'essaie de faire, et qui n'est pas toujours évident, c'est que le personnage et l'histoire soient le moteur de tout : que la chorégraphie découle de ce que je raconte et non pas l'inverse, faire la chorégraphie en ajoutant des fioritures d'histoire ! Qu'est ce que je veux dire et comment vais-je le traduire corporellement pour que ce soit lisible par tout le monde ? Je ne veux surtout pas passer d'un tour en l'air à un “Mon Dieu ! Je vais mourir !”... (rires)
Christophe : Quelle attention prêtez-vous aux costumes pour entrer dans vos rôles ?
Mathieu Ganio : Oui, avec le temps, je me suis rendu compte, notamment lors des galas, qu'on a vraiment la chance à l'Opéra de Paris de porter de très beaux costumes, une qualité de costumes exceptionnelle. Souvent, ça apporte un vrai plus. C'est très important de se sentir bien, mis en valeur : ça habille un personnage. C'est évident.
© Svetlana Loboff / OnP
Chloé Poinas : Quelles ont été les difficultés que vous avez pu rencontrer lors des répétitions ? Comment avez-vous réussi à vous approprier le rôle qui vous a été attribué ?
Mathieu Ganio : Je vais commencer par un point positif. C'est un ballet que j'ai beaucoup dansé : ça permet de savoir quels sont les points qu'il va falloir travailler et ceux sur lesquelles on peut se permettre d'être plus cool. Au deuxième acte, il y a beaucoup de sauts, et une vraie endurance à acquérir. Il n'y a pas beaucoup de pauses. Il faut s'habituer à tout enchaîner. Le plus difficile, ce sont les choix artistiques, surtout au premier acte : quelle option prendre ? Laquelle me convient le mieux, laquelle va correspondre à ma partenaire ? Ce sont des décisions assez subtiles.
Avec le temps, on apprend à mieux se connaître, on acquiert un certain vécu. On a aussi eu l'occasion d'observer les autres danseurs : souvent, on tâtonne, on hésite entre deux options et, quand on voit les autres danser, cela nous aide à trancher. Parfois, on a l’idée qu'un certain geste raconte quelque chose et dans la salle, le public le perçoit différemment. On a besoin du regard de l'autre, de passer de l'autre côté.
Pauline : Comment avez-vous géré le fait de changer de partenaire peu avant la première de Giselle ? Avez-vous eu plusieurs répétitions avec Myriam Ould Braham ?
Mathieu Ganio : C’était compliqué parce qu’au final, j'ai dansé avec Dorothée. Myriam était souffrante la veille de la Première. Ce sont les aléas du métier. Ce qui est difficile, c’est que l'on a construit quelque chose avec sa partenaire. Quand on en change, il faut tout se réapproprier, et souvent dans l’urgence. C'est faisable parce que ça reste classique, c'est un ballet traditionnel qu'on a tous dansé. Mais c'est vrai qu'il ne faut pas que cela perde en qualité artistique. C'était un vrai défi. Et comme c'était pour un ballet que j'avais beaucoup dansé, le défi s'est révélé passionnant. Je n'aurais pas pu le faire dans le cadre d'une prise de rôle...
Niwa Akiko : Juste avant le spectacle, qu'est-ce que vous faites ? Vous avez des routines, par exemple ? Moi, je mange une boulette de riz ! (on dit « onigiri » en japonais)
Mathieu Ganio : Je fais la sieste, si je peux. J'ai un échauffement qui me prépare au spectacle, aussi bien psychologiquement que physiquement. Ce sont des exercices quotidiens que je fais et refais pour m'échauffer, qui me demandent du temps. Ce n'est pas difficile mais ce temps qui me sert à me concentrer sur le personnage est essentiel. Sinon, est-ce que j'ai des TOC ? Je pense que oui, mais ce sont de petits TOC. Je ne tape pas trois fois sur la table (rires). Je me demande plutôt si j'ai bien fait le déroulement des exercices qui me servent à me sentir prêt. J'aime bien réviser les moments importants auxquels je dois penser pendant le spectacle.
Kie : Quelle alimentation préférez-vous ?
Mathieu Ganio : L'alimentation, c'est hyper important. Je n'ai pas d'alimentation préférée. J'essaie de manger sainement, surtout la veille ou le jour du spectacle. Des choses comme les sucres lents, des choses bonnes pour moi. J'ai toujours des barres de céréales, des fruits secs, des choses énergétiques au cas où j’aurais une baisse de régime sur un spectacle qui durerait longtemps.
© Julien Benhamou / OnP
Aymeric : Comment avez-vous vécu d'être nommé Etoile si jeune ? Le passage de Sujet à Etoile a t-il été marquant pour vous et choquant pour les autres ? Vous sentez-vous actuellement en pleine possession de votre corps de vos capacités de danseur ?
Mathieu Ganio : Surpris ? Oui, moi le premier (rires). C'est un peu paradoxal ! Aujourd'hui, je me rends compte que c'était une chance inouïe. J'ai eu accès à des rôles du répertoire très vite, à un coaching personnalisé. Sur Giselle, par exemple. J'en suis très reconnaissant parce que cela me permet d'aller plus loin. Le titre d'Etoile ouvre un grand nombre de portes, pas qu'en danse d'ailleurs, mais dans la vie en général. C'est incroyable ! Ceci dit, à 20 ans, c'était assez dur de se retrouver propulsé Etoile du jour au lendemain sans avoir réellement dansé de rôles de solistes : on passe de quelques rôles de demi-solistes à un rang d'Etoile qu’il faut tenir. D'autant plus qu'à l'époque, il y avait beaucoup moins d'Etoiles qu'aujourd'hui. Il y avait beaucoup de Premiers Danseurs qui espéraient. Et l'on s'attend à ce que, d'un seul coup, vous ayez la stature, la carrure d'une Etoile. J'en ai souffert dans les critiques. Je dois beaucoup à mes partenaires qui m'ont aidé. On avait presque dix ans d'écart. Je n'étais plus avec ma génération, avec mes amis, je me suis retrouvé tout seul dans un studio avec une Etoile qui avait dix ans de plus que moi, une carrière et un professionnalisme qu'il me fallait alors acquérir. Cela m'a pris du temps mais, si c'était à refaire, je ne changerais rien. Pour rien au monde. Je suis heureux. Il est possible d'être prêt à condition d'être coaché. En Russie, on prépare les danseurs plus tôt. A l'Opéra de Paris, on apprend le métier, les fondamentaux, en dansant dans le Corps de Ballet. Mais lorsque l'on sort du Corps de Ballet, cela exige quelques ajustements.
Quand on est en forme, il faut arriver à le rester sans être surentraîné, au bord de la blessure et de la fatigue. Il y a vraiment une histoire de gestion à connaître. Il faut doser. Il y a aussi que, quand on est jeune, on a toutes ses capacités physiques, mais on n'a pas tout dans la tête. A un moment, les deux se rejoignent. A l'âge que j'ai, c'est l'équilibre mais ça va bientôt basculer. J'essaie de maintenir cette osmose le plus longtemps possible. Je sais qu'il faut que j'en profite un maximum maintenant. Il faut saisir les opportunités et profiter. Après, ça sera différent...
Antonin : Vous êtes danseur Etoile depuis votre entrée dans le Ballet, ou presque. Qu'est-ce que cela fait d'avoir quasiment toujours dansé des rôles d'Etoile et de soliste, d'avoir dansé presque tous les rôles ? Est-ce que la carrière ne semble pas longue ?
Mathieu Ganio : Non, ce n'est pas long. Au contraire, une fois qu'on a dansé les rôles qu'on voulait absolument aborder, les rôles qu'il faut faire pour prouver qu'on mérite d'être Etoile, les grands classiques, il y a quelque chose qui se passe : on est détaché par rapport à ça, on est moins dans une espèce de volonté : je dois y arriver, je dois prouver. On prend ce qui vient. Ce n'est pas du détachement, j'ai toujours autant de passion pour mon métier, mais j'ai plus de recul. J'apprends à vivre et à apprécier les choses. C'est une phase vraiment agréable, je suis heureux de pouvoir vivre ça, de laisser venir. C'est une façon de vivre son métier plus sereinement.
Silvia Brioschi : S'il vous plaît, pourriez-vous dire quelque chose à propos de la version de Giselle signé Polyakov ? Danser cette version vous apporte-t-il quelque chose de spécial ? Merci beaucoup !
Mathieu Ganio : Ça reste une version traditionnelle de Giselle. J'ai été invité à la danser ailleurs et c'était sensiblement la même chose : la variation est au même endroit, le pas de deux aussi, c'est la même trame. Dans ce ballet, ce qui est dingue, c'est qu’il n'y a pas tellement de changements dans les versions classiques, contrairement à celle de Mats Ek. D'une compagnie à l'autre ça reste similaire. La différence, c'est ce que l'interprète va mettre et ses choix. Le découpage est pareil, on danse sur la même musique, c'est tellement codifié, il y a peu de libertés dans la chorégraphie. La liberté est dans le jeu. On fait un porté à la place d'un autre, mais ça reste un porté : la planche, une arabesque. On choisit, mais au final, c'est un porté. Dans la variation, on peut faire plein de tours en l'air différents, mais c'est toujours un tour en l'air. Je n'ai rien à raconter spécialement de cette version. Ce qui est génial dans d'autres versions, c'est d'avoir une relecture complète d'un ballet codifié et traditionnel. C’est le cas chez Mats Ek...
« Giselle » - Jean Coralli / Jules Perrot
Aminata G. : Vous avez déjà eu l'occasion de danser Giselle avec des danseuses ne faisant pas partie de la compagnie de l'Opéra de Paris comme Evgenia Obraztsova ou Olesya Novikova... Souhaiteriez-vous retenter l'expérience et si oui avec une danseuse en particulier ?
Mathieu Ganio : Oui, je souhaiterais renouveler l'expérience. Avec une danseuse russe. Elles ont une façon différente de raconter les histoires. Elles ont un sens de la dramaturgie très fort.
Sierra Santi : Avez-vous dansé un autre ballet mis en musique par Adolphe Adam ? Vous ne pensez pas que ce serait formidable à créer un nouveau ballet avec de la musique par Adolphe Adam? Que pensez-vous de la création de nouveaux ballets avec de la musique du XIXe siècle? (La jolie fille de Gand & La filleule des fées) Il serait bien de vous voir danser dans un nouveau ballet d'Adolphe Adam.
Mathieu Ganio : Oui, c’est super de pouvoir faire de grands ballets narratifs qui utilisent le vocabulaire classique, voire néoclassique. Que ces grands ballets ne soit pas seulement du XIXe, mais qu'on apporte au XXIe siècle ce genre de ballet. Sur n'importe quelle musique. Je trouve que le contexte économique, social, etc... fait que c'est vraiment difficile de faire un ballet de deux, voire trois actes avec une vraie trame, un vrai livret. C'est de plus en plus rare. Et c'est précieux pour un artiste, d'autant plus d'être l'instigateur de ces ballets. Si on me le propose, je dis oui tout de suite. Un grand ballet narratif, c'est formidable. Les Enfants du Paradis, c'était un grand ballet, mais c'est assez rare pour un artiste. C’est une expérience si forte d'être le créateur d'un personnage, de livrer sa personnalité à travers une histoire.
Junko : Qu'est-ce que la musique pour vous pendant que vous dansez ?
Nadia : Dans le court film que vous a consacré Benjamin Millepied, vous expliquez que, sur scène, vous allez puiser la confiance dans la musique. Quelle importance a la musique pour vous depuis le début de votre carrière ?
Mathieu Ganio : Capitale, la musique a une importance capitale. Justement, on parlait de chorégraphie. Je trouve que si on s'appuie sur une belle musique, on a déjà fait une bonne partie du travail. Plus je vieillis, plus je me rends compte de l’importance de la musique, comme elle peut représenter un puissant soutien, comme elle peut nous valoriser. On peut danser dans le silence, mais sur les ballets musicaux, on est véritablement en osmose. C'est tout particulièrement jouissif dans les ballets de Balanchine : il y a un réel plaisir. J'y suis très sensible. Même pour les cours. C'est important dans la pratique quotidienne.
« Mathieu Ganio » by Benjamin Millepied - 3e Scène
Opéra national de Paris : Vous êtes passionné de musique ?
Mathieu Ganio : Oui j'aime écouter de la musique, elle fait partie de ma vie. Ma mère voulait qu'on soit musiciens, avec ma sœur. Pas de chance, on est danseurs tous les deux. (rires)
Opéra national de Paris : Quel genre de musique ?
Mathieu Ganio : J'écoute de tout. J'écoute du classique assez facilement. J'aime bien la folk music, toutes les voix. J'écoute de la pop, du rock. Je n’aime pas trop le métal. Je suis sensible aux belles voix. C'est plutôt la voix qui m'attire.
Thomas : Merci à Mathieu d'avoir la gentillesse de répondre à nos questions !
Hanane : En dehors de la danse et, donc, de la musique, quels sont vos arts de prédilection ?
Mathieu Ganio : J'aime beaucoup la peinture. J'aime l'art en général. Je ne m'y connais pas forcément, je ne suis calé en rien. Mais j'avoue que je suis assez curieux. Ce que j'aime dans l'art, c’est le processus de création. Il y a une fleur, par exemple : comment chacun va traduire cette fleur ? Quelle va être la vision de chaque personne ? Je suis curieux de ça et j'aime passer du temps dans les expos...
Samir : En ce moment, avec quels chorégraphes rêveriez-vous de travailler ?
Mathieu Ganio : J'aurais adoré travailler avec Jiri Kylian. Je sais qu'il travaille beaucoup avec les danseurs avec qui il a déjà travaillé, et il a par ailleurs un peu levé le pied. Je n'ai jamais travaillé avec Pina Bausch, ni avec Mats Ek qui a arrêté, mais il peut encore changer d'avis. Alexander Ekman, j'aimerais assez. Ohad Naharin aussi... Tous les gens qui ont envie de travailler avec moi... (rires) Dans une carrière d'artiste, c'est merveilleux d'échanger, de rencontrer des gens. Il y a des maîtres auxquels on a envie de se frotter, mais le plus important, ça reste la rencontre...
Opéra national de Paris : Vous êtes reconnu pour les grands rôles de Princes du répertoire. Avez-vous envie de briser cette image ?
Mathieu Ganio : De toute façon, cela va devenir de plus en plus dur physiquement d'assumer ces rôles. Les générations se renouvellent très vite. Maintenant, ce qui m'intéresse, c'est de développer la partie acteur. Les Princes, c'est sympa, et ça fait plaisir de s'entendre dire qu'on est fait pour les rôles de Princes. Mais j'espère que j'ai autre chose en moi que ces Princes. La magie, c'est que quelqu'un le voie en vous et le révèle au public. J'aimerais bien. J'adorerais.
Anne : Merci ! C'était super de suivre cette discussion. (même sans intervenir)
Zoja : Thank you for this, it was most interesting.
Thomas : Merci infiniment !!
Ce live-chat est maintenant terminé. Merci à Mathieu Ganio d'y avoir participé ! Merci à vous de l'avoir suivi !